Dans la vaste et riche filmographie de l’icône hollywoodienne John Wayne, un film se distingue particulièrement dans son cœur. Ce western réalisé par John Ford semble l’avoir marqué au point d’être considéré comme son film préféré, surpassant d’autres classiques du genre dans lesquels il a brillé.
Cette préférence, exprimée par Wayne lui-même lors d'une interview sur le tournage de La Caravane de feu en 1966 pour le Merv Griffin Show, met en lumière une œuvre cinématographique qui mérite une attention renouvelée. "Je crois que mon préféré, c'est La Charge héroïque, j'y ai fait du plutôt bon boulot", avait-il déclaré, soulignant sa propre satisfaction quant à sa performance dans ce long-métrage. Ce témoignage direct de l'acteur confère au film une aura particulière et invite à explorer les raisons de cet attachement profond.
Un récit poignant au cœur de la cavalerie américaine
Sorti initialement sous le titre She Wore a Yellow Ribbon en 1949, La Charge héroïque plonge le spectateur dans l'univers de la cavalerie américaine à une période charnière de l'histoire. Le récit se déroule dans le contexte de la défaite de Custer à la bataille de Little Big Horn, un événement qui a exacerbé les tensions entre les tribus indiennes et l'armée de l'Union. Le capitaine Nathan Brittles, interprété avec maestria par John Wayne, se trouve à l'aube de sa retraite. Sa dernière mission consiste à apaiser les relations avec les tribus Cheyenne et Arapaho après le désastre de Custer. Parallèlement, il doit escorter l'épouse et la nièce de son commandant vers un lieu sûr. Face à l'enlisement de ses deux missions, Brittles tente une rencontre directe avec un chef amérindien influent dans l'espoir d'éviter une guerre imminente.
Ce synopsis met en lumière un homme tiraillé entre son devoir militaire et son désir de paix, une thématique riche qui confère au film une profondeur notable. La réalisation de John Ford, connu pour son approche épique et humaniste du western, magnifie ce récit. Notamment, La Charge héroïque est le seul opus en couleurs de la trilogie de Ford sur la cavalerie américaine, précédé par Le Massacre de Fort Apache (1948) et suivi par Rio Grande (1951). L'utilisation du Technicolor est d'ailleurs remarquée par la critique, bien que certains aient pu regretter que Ford ait parfois ralenti le rythme de l'action avec des séquences sentimentales jugées trop longues. Néanmoins, cette esthétique colorée contribue à la beauté des paysages et à l'immersion du spectateur dans l'Ouest américain.
Une œuvre saluée par la critique et l'acteur principal
La prestation de John Wayne dans le rôle du capitaine Brittles est largement considérée comme l'une des plus marquantes de sa carrière. Dudley Early, du Austin American-Statesman, affirmait même que dans La Charge héroïque, John Wayne était "nothing short of superb" et que sa performance méritait une nomination aux Oscars. John Ford lui-même, initialement réticent à engager Wayne car il le jugeait trop jeune pour le rôle, a finalement reconnu son talent en lui écrivant un mot à la fin du tournage : "A présent, tu es un acteur". Cette anecdote témoigne de la transformation de Wayne et de l'impact de ce rôle sur sa carrière.
D'autres critiques ont également souligné la qualité du film, C.A. Lejeune de Observer (UK) le qualifiant de "l'un des films les plus stimulants que j'aie vus depuis des années", tout en notant sa subtilité. Variety Staff décrivait le film comme un "western meller done in the best John Ford manner". Si certains spectateurs ont pu trouver le récit parfois trop sentimental ou anti-climactique, la beauté de la cinématographie et la performance de Wayne ont généralement été louées. Le film met en scène également Joanne Dru dans le rôle d'Olivia Dandridge et John Agar dans celui du lieutenant Flint Cohill. Bien que certains critiques aient estimé que ces personnages secondaires ne se démarquaient pas autant, leur présence contribue à l'ensemble de la narration. En définitive, La Charge héroïque demeure une œuvre importante dans la filmographie de John Wayne et de John Ford, un western qui a su toucher le cœur de son acteur principal et qui continue de susciter l'intérêt des cinéphile