The First Berserker Khazan, c’est le premier action-RPG 3D des créateurs de Dungeon Fighter. Un jeu qui est défini d’emblée comme “hardcore”, avec de grosses inspirations du côté de Nioh. Alors, coup d’essai, coup de maître ? Le titre sort le 27 mars 2025 sur PC, PlayStation 5, Xbox Series X|S.
Dévoilé aux Game Awards 2023, The First Berserker Khazan est la première tentative de Neople et de Nexon d’étendre l’univers de Dungeon Fighter dans un genre complètement différent. Dungeon Fighter, c’est à la base des beat’em up 2D, le plus connu du lot étant Dungeon Fighter Online (c’est de là que vient Khazan, le personnage qu’on incarne dans The First Berserker). Mais vous l’aurez compris, le titre qui nous intéresse ici fait sa propre popote : c’est un action-RPG hardcore en 3D, comparable à un Nioh ou à un Souls, avec une caméra à la troisième personne et univers bien plus sombre que les autres Dungeon Fighter.
Beau blond en détresse
C’est déjà sombre parce que Khazan, aussi musclé soit-il, ne fait pas le malin en début d’aventure. Dans la première cut-scene, il agonise à l’arrière d’une carriole, les tendons coupés, sans doute en route vers son ultime châtiment. Heureusement, le général peut compter sur sa bonne étoile : un Spectrelame l’aide à s’échapper et lui donne des pouvoirs démoniaques. Les deux bonhommes vont même s’allier. Khazan, injustement accusé de trahison, a une vengeance sur le feu, alors que le spectre doit rétablir l’équilibre dans l’Outre-Monde. Pour Neople et Nexon, c’est le prétexte parfait pour dérouler des niveaux au bestiaire et aux décors variés.


La structure de The First Berserker est clairement inspirée de Nioh. Le jeu est découpé en missions qui se débloquent au fur et à mesure sur une carte du monde, et chacune d’entre-elles applique le b.a.-ba de la conception de niveau d’un Souls. En gros, on parle de niveaux linéaires relativement courts (environ 1h30) avec quelques embranchements, une progression balisée par des raccourcis et des “feux de camps”, le tout avec un boss en fin de course. Toutes les missions de Khazan répondent à ce schéma. Seules quelques quêtes secondaires en dérogent. Ces quêtes sont d’ailleurs plus ramassées que la moyenne et remixent astucieusement des environnements et des boss issus des missions principales. Chaque fois qu’une aventure est bouclée, vous pouvez passer par un hub pour revendre / acheter de l’équipement et discuter avec des PNJ.
Comme vous avez pu le remarquer, Khazan n’est pas un monstre de puissance et se révèle même relativement timide en matière de direction artistique (qui prend quand même du galon vers la fin de l’aventure). Sur PS5, le titre propose un mode Qualité à 30 fps que vous laisserez très vite de côté pour le mode Performance, à 60 fps. Ce dernier n’est d’ailleurs pas encore impeccable, et on a noté quelques chutes dans les combats avec beaucoup d’ennemis et d’effets à l’écran. Pour le reste, pas de bug ou de problème particuliers à signaler.

Le magicien dose
Cette structure peut paraître “dépassée”, surtout après Elden Ring, et dans les faits, elle l’est un peu. Mais dans le fond, on s’en fiche : en 60h de jeu (80h si vous voulez tout faire), nous n’avons pas vu le temps passer. The First Berserker ne tombe jamais dans du remplissage - même s’il recycle une bonne partie de son bestiaire - et tout ce qu’il fait, il le fait avec un savoir-faire et un sens du dosage assez remarquable. Certes, son level design (et même sa direction artistique) n’est pas le plus inspiré du monde, mais Neople trouve toujours un moyen de “twister” sa proposition, que ce soit en jouant astucieusement sur l’emplacement des adversaires, en introduisant de nouveaux ennemis, en faisant varier les ambiances ou l’architecture des niveaux. Même certaines sous-intrigues nous poussent à avancer.
Un truc tout bête : dans chaque mission principale, les Lames Nexus (nos fameux “feux de camp”) marquent une véritable transition entre deux pans de la zone, où les twists qu’on évoquait plus tôt entrent dans la danse. En plus, si The First Berserker Khazan a des choses à dire pour faire avancer son scénario, il ne s’étend jamais pour rien et laisse au joueur la possibilité d’explorer les dialogues annexes. Bref, le titre a conscience qu’il est un action-RPG et que taper sur des monstres, c’est bien - c’est même très bien ici -, mais qu’il y a tout un tas de choses à faire pour sublimer ce cœur de métier. Et ces choses, il les fait.


Bosse ton boss
C’est pareil pour les boss. Même si leur présence est ici “cyclique” et donc prévisible (il y en a un à la fin de chaque mission), Neople s’efforce à rendre chaque face à face spécial. Outre un boulot plutôt exemplaire sur l’animation des adversaires et la lecture qu’on en fait en tant que joueur - idem pour tout le bestiaire d’ailleurs, à une ou deux exceptions près -, ce sont, à nouveau, des petites idées de design qui font mouche. Par exemple, un mec balaise qui se sert de sa masse comme d’un fusil, ou encore une magicienne d’eau dont l’apparence et les déplacements rappellent une méduse. Pour vous donner une idée, il y a 16 boss uniques de ce genre.
Par contre, ces affrontements vous rappelleront aussi pourquoi The First Berserker est décrit comme un action-RPG "hardcore". Nous avons passé plusieurs heures sur certains boss, devant apprendre les patterns par cœur et anticiper chaque réaction, chaque fenêtre d’attaque, chaque opportunité de parade (il y en a beaucoup ici). C’est une philosophie clairement assumée par Neople, et de notre côté, nous avons aimé relever le challenge… mais faut quand même avouer que certains combats, en particulier à la fin de l’aventure, ont mis nos nerfs à vif.

Après, si les obstacles de Khazan vous semblent vraiment insurmontables, les développeurs ont eu la bonne idée d’ajouter un mode Facile - ce qui est assez rare pour être souligné. En Facile, votre endurance remonte beaucoup plus rapidement, vous prenez moins de dégâts et votre “Combativité” (la ressource qui permet de déclencher des attaques spéciales) se recharge plus vite. Alors oui, ça facilite les choses, mais pas tellement non plus : vous ne serez pas exempté des essais en boucle pour apprendre les patterns ennemis. Enfin, petite précision pour la route : vous ne pouvez pas passer de Normale à Facile comme ça vous chante. Si vous avez commencé une partie en difficulté standard et que vous optez finalement pour un challenge allégé, vous ne pourrez plus revenir en arrière.
Alors non, il n’y a même aucune feature multijoueur dans le jeu. En revanche, à l’image de Lies of P, chaque boss vous permet d’invoquer un spectre (à condition d’avoir le bon objet, mais qu’on peut farmer sans problème). Spectre que vous pouvez même améliorer. Enfin, précisons que Khazan embarque un mode Entraînement pour se faire la main sur la plupart des ennemis “classiques”. Par contre, pas possible de tryhard un boss en toute sécurité avant de sauter dans le grand bain.


Remise en question
Mais The First Berserker a plusieurs atouts dans sa manche pour vous encourager à recommencer un boss encore et encore. Déjà, chaque tentative, même infructueuse, vous fera gagner une petite quantité d’expérience (la Lacrima, ici). Alors, c’est pas une quantité énorme non plus, mais on peut gratter quelques levels au passage et on n’a pas le sentiment de recommencer “bêtement” un boss en boucle. Surtout, la dimension RPG de Khazan est très souple et brille particulièrement quand on est au pied du mur. Le titre embarque notamment 4 arbres de compétences, un pour chaque type d’arme - les lames duales, l’espadon et la lance -, et un pour le personnage au global. Des arbres où il est possible d’apprendre et “d’oublier” des compétences à volonté, et qui peuvent changer assez drastiquement votre façon de jouer.
Autrement dit, dans The First Berserker, il n’y a pas de choix définitifs (à part pour cette histoire de mode de difficulté). Si vous n’êtes pas satisfait des pouvoirs assignés à votre arme, pas de problème : vous pouvez réattribuer tous vos points sans donner l’heure à personne, juste en passant par le menu. Et avec le bon objet, il est même possible de faire la même avec votre niveau d’expérience général, celui qui conditionne la santé, la force et l’endurance. Et tout ça, ça donne à l’ensemble une saveur pas mal unique. Après tout, si vous bloquez contre un adversaire, c’est peut-être parce que votre approche n’est pas la bonne, et se mettre en quête de la bonne stratégie et voir celle-ci payer, ben c'est très satisfaisant.

Dans le même ordre d’idées, il faut aussi garder un œil sur son équipement. Dans Khazan, la plupart des pièces d’armure appartiennent à un set, et plus vous portez de pièces issues d’un set, plus vous débloquerez des bonus propres à ce dernier. Ça peut être des trucs assez importants, comme 20% de dégâts en plus en attaque frontale ou un item de soin offert. Il est même possible de mélanger les sets pour profiter de différents bonus (ça nous est arrivé). Enfin, notez que, comme Nioh, The First Berserker a un goût prononcé pour le loot. Mais, même ici, pas de remplissage qui tienne. Vous débloquerez de l’équipement de plus en plus puissant et des sets inédits jusqu’à la fin du jeu.
Quelques mots vite fait avant de passer à la suite : sans parler de difficulté, Khazan mise sur une forme de simplicité qui fait du bien. Les menus sont très clairs, on repère tout de suite les infos dont on a besoin, et ça rejoint ce qu’on disait sur les points de compétences qu’on peut redistribuer à volonté. Certes, le jeu nous sert de sacré obstacles, il mais nous donne tous les outils pour y arriver.


Entrer dans l’action
Bon, à ce stade, vous l’aurez compris : on a adoré Khazan. Mais avant de vous quitter, il faut quand même qu’on parle un peu plus des combats. Tout le soin qu’on a évoqué plus tôt, pour les boss, le rythme et la structure des niveaux, eh bien on le retrouve aussi manette en main. Sur ce point, Neople a fait un boulot franchement impeccable : les sensations de The First Berserker sont tops, à la fois viscérales, précises, avec un excellent travail sur l’animation et le son. Ce constat s’applique pour chaque type d’arme. De notre côté, la lance est vite devenue notre chouchou, mais on a aussi beaucoup aimé les lames duales. Par contre, petit doute sur l’espadon (une grosse épée), trop lente au vu de la rapidité de la plupart des ennemis.
Trois armes, ça a pas l'air ouf, mais vu les possibilités offertes par chaque arbre de compétences, c’est franchement solide (sur ce point, il faut voir Khazan comme un jeu d’action plus classique, comme God of War Ragnarok). D’ailleurs, The First Berserker a un goût plus prononcé pour l’action que la plupart des Souls-like, ce qui le rapproche de Wo Long Fallen Dynasty voire de Stellar Blade. Plus précisément, les compétences régies par la Combativité peuvent s’activer à tout moment, même si vous êtes à court d’endurance, ce qui est d’ailleurs très pratique pour étendre un combo et épuiser la jauge de posture de l’ennemi. Parce que oui, on ne l’a pas précisé, mais comme dans n’importe quel action-RPG depuis Dark Souls, Khazan repose sur un système d’endurance et d’items de soin limités.
Conclusion
Points forts
- Action-RPG hardcore, pas de mensonge sur la marchandise
- Des idées qui viennent régulièrement rythmer la progression
- Des sensations de combat irréprochables
- Des combats de boss super réussis
- Une vision souple de l’action-RPG
- Du soin partout, même dans les quêtes annexes
- Gros contenu, grosse durée de vie (60-70h)
- La présence d’un mode Facile
Points faibles
- Peut-être quelques soucis d’équilibrage
- Une technique et une DA trop en retrait
- L’espadon, une arme un peu en dessous des autres
Note de la rédaction
Pour un action-RPG hardcore, The First Berserker Khazan ne ment pas sur la marchandise. Mais, au-delà d’une difficulté très relevée - et presque caricaturale -, le studio Neople fait preuve d’un savoir-faire très impressionnant (d’autant plus pour son premier projet du genre), et ce tout au long des 60-70h que compte l’aventure. Franchement, malgré une structure déjà-vu et un petit manque du côté de la technique et de la direction artistique, c’est compliqué d’espérer plus d’un jeu de rôle action exigeant. Les combats sont tops, les boss aussi, il y a même des petits “twists” qui viennent rythmer sans cesse la progression. Comment on dit déjà ? Ah oui… coup d’essai, coup de maître !