Test d'Assassin's Creed Shadows : Un monde ouvert impressionnant, mais des défauts persistants

Titre original : Test du jeu Assassin's Creed Shadows est-il un Mirage ou nous emmène-t-il au Valhalla ?

Pour l’éditeur français Ubisoft, l’heure a sonné et un nouveau jour se lève sur la franchise Assassin’s Creed. De notre côté, on a déjà pu assister à cette aube nouvelle à deux reprises. La première, c’était il y a quelques semaines lorsque nous nous sommes rendus chez Ubisoft Québec pour mettre les mains sur une version preview d’Assassin’s Creed Shadows, et ce, pour la première fois. La suivante, c’était il y a quelques jours, lorsque nous avons enfin pu lancer l’aventure de Naoe et Yasuke dans son intégralité : sur PC, via GeForce Now dans un premier temps, puis sur PS5, support sur lequel nous avons bouclé ce chapitre inédit de l’immense saga d’Ubisoft.

Pour vous éviter de relire la même chose que lors des multiples previews publiées ces dernières semaines, ce test abordera l’expérience de Shadows telle qu’on l’a vécue, avec ses moments de grâce et ses multiples déceptions. Car, oui, cet épisode porte bien son nom : il y a autant d’ombres qui se cachent derrière de belles sources de lumière, et c’est toute la frustration qui se dégage de cet épisode. Et pour commencer, sa plus belle source de luminosité : son monde ouvert.

Conditions du test

Dans le cadre de ce test, nous avons mis les mains sur deux types de version. D'une part, sur PC via GeForce Now, puis sur PlayStation 5. Grâce à GeForce Now, on a donc eu la possibilité de découvrir Assassin's Creed Shadows en résolution 4K (3820 x 2160) sur un écran adapté et en 120 FPS avec la fonctionnalité VSync placée en mode adaptatif. Avec ses paramètres, on a donc été en mesure de découvrir le jeu dans de bonnes conditions, ce qui explique la quasi-absence de soucis de performance de notre test. Concernant la version PS5, nous avons opté pour le mode de jeu recommandé par Ubisoft, c'est-à-dire Qualité (résolution et fidélité graphique), qui permet un bon compromis entre l'aspect visuel et le taux d'images par seconde. Là encore, l'optimisation du jeu semble être au rendez-vous, du moins pour ce mode de jeu. Hormis quelques éléments apparaissant au dernier moment et une partie de la région de Kii où on a rencontré une succession de bugs visuels, la version PS5 tient vraiment la route. Au sujet du mode Performance (testé en 4K, sans HDR), on doit souligner quelques lags, des pics de bugs visuels et des textures peu esthétiques. À côté de ça, on a vu une différence de rendu dans les intérieurs et sur les visages, à l'image de celui de Naoe qui manquent de détails (cheveux, par exemple) dans ce mode. Pire, on a eu un autre souci lors d'une cinématique où les décors autour des personnages ont disparu. Bref, sur PS5, on vous recommande le mode Qualité en attendant que le mode Performance soit peaufiné.

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Le monde ouvert d'AC Shadows offre « mons » et merveilles

Autant vous le dire tout de suite, le monde d’Assassin’s Creed Shadows est, à mes yeux, son meilleur argument de vente. D'entrée de jeu et pendant plus de 60 heures, il m’a offert un dépaysement total. Il faut dire qu’il partait avec un bel avantage puisque c’est sûrement la première fois qu’un épisode de la saga me donne autant envie de passer des heures à l’explorer. Résultat des courses, j’ai apprécié la soixantaine d’heures passées à en arpenter les multiples recoins, et ne parlons pas de chaque balade à cheval qui m’a donné le sentiment de voyager dès que j’atteignais une nouvelle province ou région. Sur ce point, Assassin’s Creed Shadows frappe fort et démontre à quel point Ubisoft a voulu nous immerger dans un monde, une époque que les fans et le grand public attendaient depuis longtemps. Comme moi, vous n’oublierez sûrement pas la première fois où vous atteindrez un point d’observation, tout comme le moment où la cinématique se déclenche pour offrir un tour d'horizon. Après ça, on ne peut pas s’empêcher de regarder autour de nous, et ça arrivera plus d’une fois tant les panoramas sont souvent à couper le souffle. Végétation, gestion des éclairages, distance d’affichage, qualité graphique… Nul doute que le report du jeu a fait son petit effet, affichant un rendu visuel et technique pour le moins solide.

Assassin's Creed Shadows est-il un Mirage ou nous emmène-t-il au Valhalla ?

C’est quelque chose qui m’avait déjà agréablement surpris lors de la preview et qui, finalement et dans le cadre de ce test, n’a rien perdu de sa superbe. Pour le coup, Ubisoft et ses équipes prouvent qu’ils ont un certain talent en tant que faiseurs de mondes. Un compliment qui valait également pour Avatar : Frontiers of Pandora, même si le jeu était loin d’être parfait. De plus, en multipliant les allées et venues et en progressant dans l’aventure, on ressent les efforts réalisés par les équipes pour rendre hommage à la culture japonaise, tant au niveau de ses pratiques, de ses traditions qu’à l’architecture de cette époque. Temples, sanctuaires, cérémonie du thé, codes vestimentaires, instruments, statuettes, autels, torii, châteaux. Ce sont toutes ces petites touches qui en font un monde très plaisant à parcourir. Quoi qu’il en soit, et très souvent lors de mes sessions, je me suis prêté au jeu de sa découverte et de son exploration, observant la nature dont on garde parfois même une trace, un souvenir grâce aux Sumi-e. Aussi, ce qui joue en faveur du monde ouvert d’Assassin’s Creed Shadows, c’est le travail opéré par les équipes pour éviter les écueils de l’épisode Valhalla. Une carte moins étendue, un contenu toujours (très) dense mais quelque peu remanié et, surtout, un changement de dynamique dans l’utilisation des points d’observation et d’intérêt. Très clairement, lorsqu’on lance Assassin’s Creed Shadows et qu’on y effectue ses premiers trajets, on se rend compte, comme les développeurs l’avaient expliqué, qu’ils se sont servi du mode Exploration des précédents opus comme base.

Assassin's Creed Shadows est-il un Mirage ou nous emmène-t-il au Valhalla ?

Car oui, se synchroniser avec un point d’observation ne retire pas le flou appliqué sur la carte et ne fait pas apparaître automatiquement tous les points d'intérêt. Ici, on a la liberté de mettre en avant ceux qui nous intéressent dans un premier temps et découvrir les autres, par hasard, en passant à proximité. D’ailleurs, on peut même jouer le jeu et se fixer un cap sans jamais y apposer le moindre repère. Ainsi, chacun peut découvrir le Japon féodal imaginé et reproduit par Ubisoft à sa manière, sans être assailli d’icônes à longueur de temps, et c’est un bon point. Et puis, s’il y a quelque chose qui joue dans la façon dont le monde d’Assassin’s Creed Shadows nous dépayse, c’est bien la météo évolutive ainsi que les changements de saison. Grâce aux avancées du moteur Anvil, Ubisoft propose ici une belle idée pour renouveler le sentiment de découverte, pour nous forcer à nous adapter aux conditions climatiques - il y a parfois de violentes pluies ou des brouillards très épais qui réduisent la visibilité - et pour mieux nous immerger tant les saisons, du côté de l’archipel japonais, n’y ont pas les mêmes répercussions que de notre côté du globe. Malgré tout, comme on le soulignera plus tard, il y a de petits bémols vis-à-vis de cette mécanique (et bien d’autres). Finissons plutôt en soulignant les efforts accomplis en matière de mise en scène des cinématiques, moins figées que par le passé et osant parfois de nouvelles approches d’angles de caméra, et la bande-son atmosphérique qui nous accompagne tout du long et qui se permet même quelques originalités, notamment à travers les compositions audacieuses du groupe TEKE::TEKE, qu’on aurait aimé entendre plus souvent.

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Dans AC Shadows, la vengeance est un plat qui se mange… avec des lames en acier

On vient de parler de monde ouvert, d’exploration, d’éléments immersifs, de renouvellements visuels induits par la météo, mais qu’en est-il de l’écriture, de la trame scénaristique et des héros qui la font évoluer ? Depuis notre première prise en main du jeu, où on avait pu découvrir un prologue net, concis et efficace malgré sa construction quelque peu déstabilisante, on se posait des tas de questions, et il s’est avéré que nous n’étions pas au bout de nos surprises. La première, c’est que l’on ne s’attendait pas à débloquer le personnage de Yasuke aussi « tardivement ». Tout est relatif mais il faut savoir que celui-ci rejoint la cause de Naoe après une bonne dizaine d’heures de jeu. Enfin, tout dépend de la vitesse à laquelle vous avancez. De mon côté, il m'a fallu une quinzaine d’heures avant d’atteindre le moment fatidique et, mine de rien, j’ai eu le sentiment que ça a eu un effet sur l’impact de Yasuke à travers mon expérience. Il faut comprendre qu’on a l’occasion d’expérimenter le gameplay de Naoe pendant un très long moment, d’apprivoiser les différentes facettes de son style de jeu, aussi bien lors des combats qu’en dehors. Surtout, ceci nous a permis de nous rendre compte à quel point elle colle parfaitement à la saga et à son ADN. Il faut le reconnaître, c’est grisant de faire du parkour avec elle et de l’incarner car, malgré sa fragilité qui diminue au fil du temps et de notre maîtrise, Naoe est très plaisante à jouer, aussi bien dans un contexte d’infiltration que d’action. De ce fait, il y a vraiment un attachement qui se fait ressentir autour du personnage de Naoe que j’ai eu du mal à retrouver concernant Yasuke.

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Cependant, n’allez pas croire que le personnage de Yasuke n’a pas de poids dans l’histoire ou qu’il n’apporte pas de la fraîcheur en matière de gameplay. Il est lui aussi très agréable à jouer, notamment lorsqu’on se rapproche des plus hauts niveaux. Dès son arrivée, il crève l’écran et, petit à petit, la complémentarité des deux héros se fait ressentir, et pas seulement du point de vue du gameplay. En raison de leur cause commune, les deux héros d’Assassin’s Creed Shadows développent une réelle synergie. Chacun représente un soutien pour l’autre et apporte un contrepoids dans la balance morale de l’aventure, et c’est dans ces moments-là que leur lien se renforce. Pour cette raison, l’intrigue parvient à nous faire vivre quelques beaux moments. Bien évidemment, on ne dévoilera rien sur son contenu mais il faut avouer qu’elle réussit à distiller quelques petits rebondissements qui impliquent des choix « importants » (d'un point de vue moral) - même si la plupart du temps, ils ont peu d’impact - et mettent à l’épreuve notre suivi de l’intrigue et notre sens de la déduction. Malheureusement, on regrette que ces moments soient si rares dans l'aventure… Là où on est également un peu moins positif, c’est sur le rythme et la qualité de l’histoire principale. Dans les faits, on ne peut que reconnaître le soin apporté à l’écriture des dialogues et aux tensions politiques qui émergent à travers tout le pays. On ressent vraiment l'avidité des personnages pour le pouvoir en ces temps de chaos. Les interactions verbales entre les protagonistes, quant à elles, sont bien construites et étoffent la narration autour de l’univers du jeu. Le souci, c’est que la trame principale manque d’un gros souffle épique et d’une montée en puissance.

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Des moments forts, il y en a, mais la construction trop balisée de l’histoire principale nuit à notre impression finale lorsque les crédits défilent. Le prologue pose bien les bases, les premières étapes de la quête font monter l’intensité jusqu’au climax de la rencontre des deux personnages. Ensuite, c’est le ventre mou jusqu’aux derniers instants où l’intensité repart quelque peu avant de retomber comme un soufflé. Si, à mon sens, la traque du Shinbakufu ne tient pas toutes ses promesses, l’épilogue d’Assassin’s Creed Shadows a le mérite de conclure l’arc de nos deux héros à travers des scènes fortes, même si, encore une fois, on aurait aimé des événements qui nous fassent décoller de notre chaise. C’est fort dommage car, si on pouvait attendre autre chose de l’épilogue de nos deux héros, les quêtes personnelles de Naoe et Yasuke sont agréables à suivre et bien plus prenantes que la trame qui sert de fil rouge. D’une part, parce qu’elles permettent de raccrocher les wagons avec le prologue. D’autre part, parce qu’elles apportent des réponses aux questions que l’on se pose très tôt dans l’aventure et ouvrent potentiellement la voie au contenu de l’extension gratuite Traque sur Awaji. À côté de ça, on a été ravi de voir qu’il n’y en avait pas que pour les deux héros de l’aventure et que les membres de la ligue avaient, eux aussi, droit à leur petit quart d’heure de gloire, notamment Junjiro qui a de grandes chances de vous attendrir. Après la rencontre avec chacun d'entre eux, ils ont le droit à leur lot de quêtes, et certaines romances sont même possibles. Malheureusement, cette fonctionnalité ne nous a pas emballé plus que ça car, avec le personnage vers lequel on s’est orienté (en l'occurrence, Gennojo), la dimension romantique semblait sortir de nulle part, en plus de n'avoir aucun impact ni conséquence directe. Dommage, encore une fois, car ces passages ont pourtant des apports intéressants dans le développement personnel des alliés.

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AC Shadows, nouvelle ère pour une formule (presque) identique

En ce qui concerne le contenu d’Assassin’s Creed Shadows, que ce soit à propos de la construction de la formule de cet épisode ou de son système de combat, on en a déjà dévoilé pas mal par le passé. Dans les grandes lignes, il faut retenir que Naoe et Yasuke ont des styles de jeu bien différents qui s'avèrent complémentaires. Pour la shinobi, la furtivité et la discrétion en font une assassin redoutable, même si elle s’en sort très bien de manière frontale au fil de sa montée en puissance. Pour le redoutable samouraï qu’est Yasuke, la force brute est clairement son atout principal. En matière de parcours et d’infiltration, ses possibilités sont quelque peu limitées et il ne dispose pas des outils qui font de Naoe la ninja à toute épreuve. Les seuls instants où Yasuke peut agir en silence, c’est à l’aide de son arc, mais rien ne vaut une mêlée générale après avoir enfoncé une porte à coup d’épaule. Dans ces moments-là, vous vous rendrez compte que les combats ne sont plus aussi évidents que par le passé et qu’il faudra un petit temps d’adaptation avant de les maîtriser pleinement. C’est une bonne chose que les équipes aient tenté de rendre le système de combat plus attrayant, aussi bien en termes de sensation qu’au niveau de la mise en scène. Sur ce point, on peut aussi souligner que les animations et les mouvements des héros sont bien réalisés, que les compétences sont variées, que les passifs des équipements permettent de belles combinaisons, et que les différents styles de jeu des armes parviennent à renouveler l’approche des affrontements, efficaces sans être révolutionnaires. Encore faut-il adhérer à la manière dont le jeu nous pousse à développer nos deux héros, à les équiper convenablement et à nous inciter à faire le tour de son contenu…

Assassin's Creed Shadows est-il un Mirage ou nous emmène-t-il au Valhalla ?

Oui, il y a des choses qui changent dans la formule proposée par Assassin’s Creed Shadows, mais on est un peu déçu de constater qu’Ubisoft tient beaucoup trop à la construction très calibrée de ses mondes ouverts. De petits chamboulements, oui, mais pas de séisme en plein cœur de sa formule. Par exemple, nos héros sont soumis à un type de progression vu et revu qui consiste à augmenter leur rang de connaissances en accomplissant des tâches annexes comme récupérer des pages dans un temple, prier plusieurs fois dans un sanctuaire, effectuer des espèces de mini-jeux avec des QTE (kuji-kiri, kata) ou d’autres épreuves. Bref, on aurait aimé voir de l’innovation dans ce domaine, et dans plein d’autres d’ailleurs. Par exemple, les châteaux font partie de ces contenus annexes et prennent tous le même format : tuer les samouraïs daisho qui y traînent avant de récupérer l’équipement légendaire qui se trouve dans le coffre. Alors, oui, Assassin’s Creed Shadows est généreux, moins gargantuesque que Valhalla mais, dans sa densité, on ne peut que constater la redondance de la formule. Les châteaux à prendre d’assaut, les camps ennemis à piller pour faire le plein de ressources pour développer le repaire, les contrats des kakuregas pour obtenir des ressources en grosse quantité, le déroulement de l’intrigue principale qui repose sur le même schéma (objectif à cibler, quêtes multiples et confrontation finale), la recherche des cibles des autres ligues à éliminer, les quêtes secondaires et celles des alliées. Pour couronner le tout, Ubisoft inaugure même des missions hebdomadaires (peu inspirées) à travers son Animus Hub, fonctionnalité née des cendres du projet Assassin's Creed Infinity.

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Dans le fond, la répétitivité des contenus est peut-être moins rédhibitoire que par le passé mais la boucle de gameplay apparaît encore une fois trop rapidement. Heureusement pour lui, Assassin’s Creed Shadows peut compter sur son cadre pour étouffer ce sentiment de redondance. En fin de compte, notre meilleur conseil consiste à prendre son temps, à ne pas enchaîner les mêmes activités jusqu’à l’écoeurement et à accueillir la générosité du contenu - on pense qu’il faudra bien plus de 80h pour faire le 100%, en sachant qu’on a déjà passé plus de 60 heures dessus dans le cadre du test et qu’il nous reste beaucoup de choses à accomplir - au compte-gouttes. Néanmoins, noyées dans tout ça, on retrouve des idées intéressantes comme le fait d’aider les paysans et villageois en détresse pour glaner des informations, la manière de nous faire enquêter pour trouver les différents objectifs des contenus principaux et secondaires, l’utilisation des éclaireurs et les opportunités qu’ils nous donnent pour stimuler l’exploration, les moyens parfois malins d’éliminer certaines cibles majeures. Petit à petit, on se rend compte que la saga essaie de trouver le bon équilibre entre ce qu’elle ne peut s’empêcher de proposer et les changements que les équipes souhaitent insuffler. Or, comme ses prédécesseurs, Assassin’s Creed Shadows vient buter sur les mêmes écueils et ça lui coûte des points…

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Des ombres qui gâchent le tableau d’Assassin’s Creed Shadows

Assassin’s Creed Shadows a beau nous avoir offert un vrai dépaysement et une aventure divertissante, il y a bien des remontrances à faire et ce qui nous dérange, c’est ce que sont souvent les mêmes à chaque fois. On le disait, la redondance des activités et des combats d’Assassin’s Creed Shadows risque d’en frustrer plus d’un, même si la saga montre des signes de progression. Parmi les appréhensions de notre preview, le sujet de la boucle de gameplay nous avait déjà fait tiquer et ça se confirme, et c’est dommage de constater que la saga souhaite lancer une nouvelle ère en se reposant sur les mêmes activités standardisées dans l’espoir de décupler les possibilités de son gameplay. On le mentionnait déjà avec le château, mais la dépendance aux ressources, que l’on doit récupérer à droite à gauche pour développer le repaire et qui nous inondent de petits points jaunes oppressants à l’écran, est un autre exemple du manque d’originalité et de la standardisation des activités qu'on peut effectuer dans un monde ouvert à la Ubisoft. Pour continuer d’entacher ce joli tableau, on peut insister sur le fait que le jeu nous donne le sentiment de manquer de finitions, et ce à plusieurs échelles.

Assassin's Creed Shadows est-il un Mirage ou nous emmène-t-il au Valhalla ?

Parlons des combats, par exemple. En mode Normal, on retrouve souvent les mêmes patterns dans les affrontements, ce qui aboutit parfois à une lassitude dans les affrontements. La plupart du temps, les ennemis sont rarement plus de deux à nous attaquer en même temps, une situation compensée par ceux qui se trouvent à distance. À d'autres moments, ils paraissent attentistes, ne semblent pas se coordonner, font preuve de trop de passivité et, surtout, manquent cruellement de différenciation. Entre les ennemis de base et les boss, les différences ne sont pas vraiment flagrantes et les comportements sont parfois aberrants, comme en témoigne l’un des boss du Shinbakufu qui a enchaîné six fois le même pattern contre nous… Parmi les thèmes sur lesquels on aurait aimé voir la saga évoluer, c’est clairement l’intelligence artificielle des ennemis et leurs comportements en combat. On ne tiendra pas compte des quelques bugs que l’on a rencontrés, mais certaines situations ne peuvent pas être justifiées de cette manière… Ce problème d’IA, on le retrouve aussi dans l’infiltration. Entre la non-détection dans certaines configurations, les gardes qui stoppent un peu trop vite leurs fouilles et ces derniers qui n’entendent pas le fracas d’une cloche à dix mètres d’eux, l’accumulation peut vraiment nuire à l’immersion à laquelle on s’accroche. En sachant cela, optez pour le mode Expert si vous souhaitez plus de challenge en matière d'infiltration et une IA plus réactive.

Assassin's Creed Shadows est-il un Mirage ou nous emmène-t-il au Valhalla ?

On ne peut pas renier la haute qualité d’Assassin’s Creed Shadows mais on est en droit d’en attendre plus, en particulier sur ces faux pas par-ci par-là. En matière de mise en scène, on a encore des faciès un peu trop mécaniques dans leurs mouvements, des transitions un peu abruptes entre cinématique et reprise du gameplay, des interactions qui ne vont pas jusqu’au bout ou encore les mêmes usages du champ/contre-champ lors des échanges, ce qui contraste avec les propositions de mises en scène qu’on a parfois dans les cinématiques. On a même remarqué un personnage important de l’intrigue qui était modélisé comme l’un des enfants lambdas qu’on peut croiser parmi les PNJ… Enfin, pour ce qui est du cycle des saisons et de la météo, on doit dire qu’on s’attendait à plus d’impact sur le gameplay, d’autant que les équipes ont accordé beaucoup de soin à ce détail. Certes, on remarque que les déplacements dans la neige ne sont pas les mêmes selon le volume et le personnage, que les héros glissent sur les étendues gelées et que les stalactites tombent des toits mais, à côté de ça, on a des traces de pas qui disparaissent toutes seules lorsqu’elles dépassent un certain nombre ou sont totalement absentes lorsque l’on progresse sur les toits… Oui, Assassin's Creed Shadows rend une copie digne d'un bon élève, c'est-à-dire soignée malgré quelques ratures, mais on attend toujours qu'il développe le fond de sa pensée et sa rigueur pour récolter nos félicitations les plus dithyrambiques.

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Conclusion

Points forts

  • Un monde ouvert saisissant et respectueux du Japon
  • Un épisode calibré pour le grand public et les nouveaux venus
  • La météo et les saisons dynamiques qui renforcent l’immersion
  • Une durée de vie généreuse et un contenu qui l’est tout autant
  • Une exploration bien plus plaisante que par le passé
  • Un gameplay intuitif, efficace et un peu plus pêchu
  • Deux héros complémentaires et agréables à jouer (surtout Naoe)
  • La façon d’enquêter durant l’intrigue et les différents contenus
  • Le système d’éclaireurs et d’alliés bien pensé

Points faibles

  • Une histoire principale un peu plate, malgré quelques passages épiques
  • Une formule à la redondance encore un peu trop prononcée
  • Une IA qui progresse mais conserve des aberrations
  • Le manque de finition sur de multiples aspects du jeu
  • Des combats de boss pas assez marquants
  • Des choix qui risquent de décevoir les fans (méta-histoire))

Note de la rédaction

17

Avec Assassin’s Creed Shadows, Ubisoft prouve une fois de plus que ses studios ont un vrai talent pour créer des univers et des mondes à part entière. Pour ceux qui aiment les open-world et le Japon féodal, nul doute que cet épisode offrira le dépaysement attendu. Côté gameplay, la complémentarité et les styles de jeu de Naoe et Yasuke sont vraiment rafraîchissants et on sent que des efforts ont été fournis, à différents niveaux, pour essayer de faire évoluer la formule. Malgré tout, si quelques éléments changent, le cœur même de la saga est toujours aussi présent dans la manière dont on aborde les contenus du jeu, sources de défauts qu'on lui connaît depuis longtemps : la redondance des activités, l’IA qui aboutit à des combats vite machinaux et une histoire un peu plate, même si elle a ses moments épiques. En définitive, Assassin’s Creed Shadows est un épisode efficace, grand public et divertissant, mais le manque de finition et les soucis récurrents de la série font que cet opus se heurte à un plafond de verre qui l’empêche de côtoyer les plus hauts sommets.

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