Elon Musk se retrouve sous le feu des critiques pour avoir menti sur ses exploits dans les jeux vidéo Path of Exile 2 et Quake, allant jusqu’à payer d’autres joueurs pour progresser. Et c’est loin de n’être qu’une simple anecdote.
Dans un monde où les personnalités publiques sont scrutées sous tous les angles, l'incursion d'Elon Musk, figure emblématique de la technologie hautement controversée, dans l'univers des jeux vidéo a récemment viré au scandale. Pendant des mois, Musk a multiplié les déclarations vantant ses performances exceptionnelles ; sur le podcast de Joe Rogan, il s'est tout bonnement présenté comme l'un des meilleurs joueurs mondiaux de Diablo IV. Plus récemment, il a partagé sur sa plateforme X ses rapides ascensions dans les classements de Path of Exile 2, se décrivant terrassant les monstres avec une facilité déconcertante. Le vernis a finalement commencé à craqueler lorsque des observateurs attentifs se sont penchés sur les diffusions en direct de ses parties. Car malgré un personnage de haut niveau (niveau 97, rang 12 en mode Hardcore), son manque de maîtrise des mécanismes fondamentaux du jeu est apparu flagrant. Mis devant le fait accompli, Elon Musk a fini par admettre avoir eu recours à la pratique du boosting (une pratique consistant à payer d'autres joueurs pour qu'ils progressent sur un compte afin de simuler un niveau), justifiant son acte par la difficulté de rivaliser avec les joueurs asiatiques sans tricher.
Des implications majeures pour l'image publique et la crédibilité
Si la triche dans les jeux vidéo en ligne est une problématique connue, l'implication d'une personnalité comme Elon Musk confère à cette affaire une dimension qui dépasse largement l'anecdote. D'abord, parce que l'histoire met en lumière une forme possible de manipulation de l'image publique. En se présentant comme un joueur d'élite, Musk cherchait vraisemblablement à gagner en crédibilité auprès d'une audience jeune et majoritairement masculine, un segment démographique clé pour lui. Dans les médias généralistes, à l'instar de New Lines Magazine, on écrit à son propos : "'L'homme le plus riche du monde, l'une des personnes les plus puissantes de la nouvelle administration Trump, s'est retrouvé mêlé à des querelles en ligne avec des joueurs, dont beaucoup auraient été ses partisans naturels, alors même qu'il s'apprêtait à vider de sa substance la bureaucratie fédérale américaine."
L'engagement d'Elon Musk dans le monde du jeu vidéo semble s'inscrire dans une stratégie potentiellement liée à des considérations politiques. Et son discours récent à propos du journalisme de jeux vidéo rappelle les thèmes chers à certains courants contestataires au sein de la communauté. L'article poursuit en ces termes : "Entre ses posts de dimanche dernier sur sa guerre contre la bureaucratie gouvernementale, il a écrit : « Le “journalisme” des jeux vidéo est pourri ». Cette critique est usée jusqu'à la corde, mais elle sert généralement à marquer des points en ligne au sein des communautés de joueurs."
Video game”journalism” is garbage
— Elon Musk (@elonmusk) February 9, 2025
Les valeurs de la communauté face à la triche, la non-réaction des éditeurs
Nul de besoin de préciser pourquoi la triche est généralement très mal vue, et le recours au boosting, bien que courant dans certains cercles, est considéré par beaucoup comme déloyal. L'aveu de Musk, couplé à un apparent manque de remords, a choqué de nombreux joueurs pour qui l'investissement personnel est un élément essentiel de l'expérience vidéoludique. Et aujourd'hui, ses affirmations répétées sur son niveau exceptionnel dont la véracité a également été remise en question suggère une possible tendance à l'exagération ou à la fabulation pour entretenir une image de surhomme. D'ailleurs, le scandale a mis en lumière d'anciennes affirmations, faites pendant une décennie, selon lesquelles il était l'un des meilleurs joueurs mondiaux de Quake et même semi-professionnel, ayant fait partie d'une des meilleures équipes et gagné des milliers de dollars dans le premier tournoi esportif. Mais les recherches récentes et très poussées du Youtuber Karl Jobst ont finalement permis de trouver des mentions d'un tournoi Ladder to Kathon sur la plateforme M player, avec un prix de 5 000 dollars (voire 11 000 dollars selon une source russe), qui correspondrait au tournoi mentionné. Problème : L'équipe d'Elon Musk n'aurait probablement remporté que 750 dollars pour sa deuxième place dans ce tournoi. Une fois encore donc, les affirmations d'Elon Musk sur ses compétences à Quake seraient grandement exagérées.
Aujourd'hui, la crédibilité du personnage est massivement ternie, même auprès de ses partisans habituels. Mais à côté de cela, le fait que Blizzard Entertainment et Grinding Gear Games, les développeurs de Diablo IV et Path of Exile 2 respectivement, n'aient pas immédiatement banni le compte de Musk soulève des questions sur l'influence de la célébrité et de la publicité gratuite. Car certains estiment que cette potentielle indulgence envers une personnalité aussi médiatique pourrait créer un précédent et alimenter le cynisme quant à l'application équitable des règles dans les jeux en ligne.
Et encore une fois, la raison pour laquelle il ne sera probablement pas banni des deux jeux est que ces développeurs savaient de toute façon qu'il trichait avant même qu'il ne l'admette. Ils ont les enregistrements de personnes se connectant à son compte et achetant des choses, et les gens normaux seraient bannis pour cela. Mais pour Elon, ce sera différent, car le fait qu'il enfreigne ou non les conditions d'utilisation est probablement sans importance par rapport à la quantité de relations publiques positives qu'il apporte aux jeux. Pour information, c'est une bonne publicité de l'avoir pour parler et jouer aux jeux, et c'est une mauvaise publicité de le bannir parce que cela ferait la une - Karl Jobst