Wanderstop, c’est une création qui nous vient du studio Ivy Road et de Davey Wreden (The Stanley Parable). Ce jeu cosy pas comme les autres est une étape importante dans la vie du développeur.
Tous les développeurs mettent une partie d’eux-mêmes dans leurs jeux… C’est encore plus le cas chez les créateurs indépendants, souvent seuls face à leur ordinateur. Et quand bien même Davey Wreden (Stanley Parable, The Beginner's Guide) n’était pas seul sur son dernier projet, le résultat final fait d’abord écho à son parcours. “J'ai écrit et dirigé ce jeu pendant de nombreuses années, en y mettant tout mon cœur et mon âme (...) c’est un jeu profondément personnel”, explique-t-il dans un message publié sur X le 11 mars 2025, date de sortie d’un certain Wanderstop.
Une petite pause thé ?
Wanderstop a en apparence tout du jeu cosy ordinaire. Le joueur incarne un personnage qui travaille dans un salon de thé, salon qui semble avoir été redécoré par Willy Wonka : le “lave-vaisselle” a des airs de roller coaster ; la machine à thé, démesurée, trône au milieu de la pièce avec des tuyaux qui sortent dans tous les sens ; à l’extérieur, c’est un mélange de bleu, de rose et de violet bonbon. Bref, c’est un peu le monde des Bisounours tout ça, non ?
"C'est une Tassimo, non ?"

Eh bien, pas vraiment, et c’est ça qui rend Wanderstop assez spécial. Le fameux personnage qu’on évoquait plus haut c’est Alta, une guerrière déchue qui n’a pas franchement le thé dans le sang. Si elle s’improvise barista, c’est parce qu’elle s’évanouit à quelques pas de là alors qu’elle cherche son maître d’armes. Lui seul a le pouvoir de redonner à la combattante son talent d’antan, mais - vous l’aurez compris - le destin en décidera autrement. Alors qu’Alta court dans la forêt, son épée devient anormalement lourde, au point de devenir impossible à transporter. Après quelques efforts vains, l’héroïne tombe de fatigue. Elle reprend ensuite connaissance au chevet de Boro, un bonhomme chaleureux et propriétaire du fameux salon de thé. Bien qu’il soit tout le contraire d’Alta, ce nouvel ami lui fait comprendre, que dans la vie, il faut savoir faire un break. La guerrière doit bien avouer qu’il y a du vrai là-dedans.
Avec son sourire et sa bonhomie légendaire (non), Alta va ainsi se soumettre à toutes les exigences d’un établissement où les boissons chaudes coulent à flot : couper les mauvaises herbes, faire pousser des plantes qui seront ensuite séchées puis transformées en thé, faire infuser le tout, et bien sûr, servir des clients - tous plus excentriques les uns que les autres. Au gré d’une aventure d’environ 10-15h, Alta sera confrontée à un monde qu’elle ne connaît ni d’Eve, ni d’Adam. Une expérience qui la changera en bien ? C’est tout l’enjeu.
Alta et Boro (Wanderstop)

Un jeu cosy pas comme les autres
Voilà ce qu’il y a d’aussi spécial avec Wanderstop : le titre se sert des codes des cosy games pour aborder des thèmes plus sérieux et sombres : “l'épuisement professionnel, le dégoût de soi et le fait de travailler pour plus qu'un simple salaire”, pour reprendre les mots de Inverse. Et l’épuisement professionnel, Davey Wreden en connaît un rayon… Ses deux premiers projets ont beau avoir été des succès, en particulier Stanley Parable (100.000 unités vendues en une semaine), créer un jeu, c’est une course de fond doublée d’un marathon. Sur la toile, on peut lire que le développeur s’est retrouvé dans un état “d’épuisement intense” après la sortie de Beginner's Guide, en 2015. Après quoi, Wreden s’est attelé à la création d’un jeu avec pour thème “l’instant présent”, qui deviendra Wanderstop.
Ironiquement, le développement de Wanderstop ne s’est pas fait sans heurt. D’après The Verge, le projet a été un “marathon exigeant” et “Wreden est peut-être encore plus épuisé aujourd'hui qu'au début”. Même Daniel “C418” Rosenfeld, qui a jadis composé la B.O. de Minecraft et qui s’est occupé de toute la partie audio de Wanderstop, a fini en burnout. Même avec des sujets aussi importants que ceux portés par Alta, le développement d’un jeu vidéo reste ce qu’il est. Alors, qu’importe votre boulot, pensez à sortir la tête du guidon… même si ce n’est pas votre tasse de thé.