The Monkey propulse le spectateur dans un tourbillon d’horreur et d’humour noir, où un jouet maudit sème la mort avec une inventivité macabre. Osgood Perkins signe un film délibérément absurde et gore, un pur divertissement qui ne se prend pas au sérieux.
Le film d'horreur le plus fun de l'année ?
C'est probablement l'une des expériences les plus divertissantes au cinéma en ce début d'année. Mi-février, sortait sur grand écran The Monkey, œuvre cinématographique signée Osgood Perkins, récemment salué pour le plutôt bon long-métrage Longlegs, un thriller horrifique, vibrant hommage aux productions des années 1990, qui a notamment marqué les esprits grâce à la performance hallucinée de Benjamin Cage. The Monkey, nouvelle réalisation audacieuse, transpose à l'écran la nouvelle éponyme du maître de l'épouvante, Stephen King, parue initialement en 1980 et plus tard intégrée au recueil Brume en 1985. Bien que moins notoire que certaines de ses autres créations, cette histoire a su conquérir le cœur de son lectorat fidèle et a même été nominé pour le British Fantasy Award de la meilleure nouvelle en 1982 et de la meilleure histoire d'horreur à cette époque. Le récit suit les tribulations de Bill et Hal, des jumeaux incarnés par le même acteur, Theo James, que l'on a pu apprécier dans le rôle d'un mari volage dans la série White Lotus. Leur existence bascule lorsqu'ils découvrent dans leur grenier un jouet d'antan ayant appartenu à leur père : un singe équipé d'un tambour qui, à chaque coup de baguette, déclenche la mort atroce d'un inconnu.

Des années après avoir coupé les ponts, le destin réunit les jumeaux pour qu'ils mettent enfin un terme au massacre déclenché par ce singe hanté qui a décimé une grande partie de leur entourage. The Monkey n'hésite pas à désacralise la mort pour s'en moquer. Tout au long du film, le réalisateur Osgood Perkins s'amuse à imaginer des mises à mort plus loufoques et gores les unes que les autres. Il racontera d’ailleurs que pour trouver son inspiration, il s'est tourné vers des dessins animés comme Itchy & Scratchy et les Looney Tunes. Des références assez géniales que l’on devine complètement dans le côté burlesque de chaque exécution caricaturale et peu plausible. Quant au singe du film, il est inspiré d'un véritable jouet des années 1950, le "Musical Jolly Chimp", fabriqué par une compagnie japonaise et apparu dans plusieurs films cultes. Et puis bien sûr, le long-métrage emprunte sans vergogne à la formule de Destination Finale, où une mort inéluctable frappe les victimes de manière créative et souvent gore (mais cette fois avec un vilain bien concret, le singe). Bref, du divertissement pur et dur, sans prise de tête, et qu'est-ce que ça fait du bien.

Un mélange des genres débile et fun à souhait
Osgood Perkins injecte dans The Monkey une bonne dose de son style particulier, tout en y ajoutant une touche de l'influence du producteur James Wan pour un résultat potentiellement plus accessible que Longlegs. L'humour, qu'il soit intentionnel ou non, se marie de manière déconcertante et détonante - mais divertissante - avec la violence. Les mises à mort sont plus inventives que dans un Terrifier et le tout est traité avec une légèreté délicieuse. Le film se situe donc à la croisée des genres, entre l'horreur et la comédie noire, rappelant un peu l'esprit de Beetlejuice, mais en beaucoup plus sanglant. Une forme de divertissement qui me rappelle également le bon moment que j’avais passé quelques mois plus tôt devant Abigail, sorte de remake bien barré de La Fille de Dracula réalisé par Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett et sorti en 2024.
Stephen King lui-même a donné son avis sur le film, affirmant sur Threads : « Vous n’avez jamais vu quelque chose comme The Monkey. C’est de la pure folie. Étant quelqu’un qui s’est laissé aller à quelques folies furieuses, je le dis avec admiration ». Et quand l'auteur valide l’adaptation de son œuvre, c’est tout de même bon signe. D'autant que les dernières productions tirées de ses ouvrages étaient d'une qualité relativement pauvre, à l'instar de Salem's Lot, la série ratée de HBO Max, de The Boogeyman, ou encore de Firestarter. Les reprises sont nombreuses, mais assez rarement excellentes, bien qu'elles constituent toujours un rendez-vous privilégié pour les fans d'horreur.

Néanmoins si l'humour est un point fort, il peut aussi parfois nuire à la gravité des enjeux et au développement des personnages qui tiennent une place très fébrile tout au long du film, tandis que la seconde moitié semble se perdre un peu dans sa propre folie. Theo James livre très bonne une performance en interprétant les deux frères jumeaux et en distinguant clairement les deux personnalités : Hal, le frère introverti hanté par le passé, et Bill, le jumeau odieux et instable. Un travail différentiation néanmoins fortement aidé par des représentations caricaturales. Hormis Theo James, le casting est complété par Elijah Wood et Tatiana Maslany, mais leur présence à l’écran reste relativement anecdotique. La teneur des thèmes familiaux et générationnels sont très maigres et font peu sens dans cet univers où la logique derrière les pouvoirs du singe est quasi-inexistante. Bref, The Monkey est un film d'horreur délibérément absurde et gore qui ne se prend pas au sérieux. Et même si son scénario n'est pas exempt de défauts, il est un pur délice d’1h38.