2024 fut un cru exceptionnel pour la science-fiction avec pas moins d’une dizaine de productions majeures projetées au cinéma. 2025 est certes un peu plus timide, mais reste fort surprenante. Un film en particulier a attiré mon attention. Et pour cause… c’est la création d’un réalisateur oscarisé que j’apprécie tout particulièrement. Bong Joon-ho met en scène un Robert Pattinson destiné à mourir encore et encore le temps d’une fresque SF pince sans rire dont lui seul a le secret. Mickey 17 est de loin la proposition grand public la plus étrange que j’ai vu depuis bien longtemps sur grand écran.
Tout savoir sur Mickey 17
Mickey 17 est le tout dernier projet réalisé par Bong Joon-ho, le cinéaste sud-coréen primé aux Oscars pour Parasite (2019), avec Robert Pattinson (Twilight, The Batman). En tant qu’adaptation cinématographique du roman Mickey7 écrit en 2022 par Edward Ashton, ce film de science-fiction reprend les grands principes de l'œuvre littéraire tout en s’éloignant sciemment de cette dernière pour trouver sa propre voie. Le réalisateur y aborde ses thématiques de prédilection et à sa manière, que ce soient les inégalités sociales, les dérives du capitalisme, les relations familiales ou encore la nature humaine.
Et pour porter cette fresque de science-fiction aux confins de l’univers, Bong Joon-ho peut compter sur un casting d’exception. Au-delà de R. Pattinson, nous retrouvons à l’affiche Mark Ruffalo, Naomi Ackie, Steven Yeun, Anamaria Vartolomei et Toni Collette. Mickey 17 conte les mésaventures de Mickey Barnes qui rejoint une expédition spatiale ayant pour but de coloniser la planète Nifelheim. Petit problème ! Pour pouvoir monter à bord, il a accepté de devenir un “expendable” ce qui l'amène à mourir en boucle pour le bien de l’entreprise. Une fois déclaré mort, il est littéralement recréé via une imprimante 3D. Mais que se passe-t-il si Mickey 18 est imprimé alors que Mickey 17 est toujours en vie ?

Une étrange expérience de SF
J’ai découvert Bong Joon-ho sur le tard. J’étais âgé de 27 ans lorsque j’ai découvert Snowpiercer au cinéma (nous étions alors en octobre 2013), et ce fut le coup de foudre cinématographique. Je me souviens encore de cette scène du Nouvel An et de son décompte aussi “what the fuck” qu’anxiogène. Depuis, j’ai rattrapé une bonne partie de sa filmographie dont Parasite, Memories of Murder, The Host et Mother. Savoir ce cinéaste talentueux à la tête d’un projet de science-fiction avec en prime Robert Pattinson dans le rôle principal (je suis un fan inconditionnel de The Batman) ne pouvait que titiller ma curiosité.
Je n’ai pas lu Mickey7, et je pense le faire dans un avenir très proche tant le concept de ces humains “jetables” me parlent. Puis je suis un fan de science-fiction au sens large. Je ne peux donc pas passer à côté de l'œuvre à l’origine d’un film qui fera probablement partie de mon TOP 10 de 2025 alors que nous sommes qu’en mars. Vous l’aurez compris. J’ai passé un excellent moment au cinéma en compagnie de Robert Pattinson et Mark Ruffalo. Mickey 17 est tout ce que j’attendais d’une long-métrage de science-fiction écrit et réalisé par Bong Joon-ho, même s'il est loin d'être parfait.

Je suis en quête depuis plusieurs années déjà de films qui osent sortir des sentiers maintes fois battus par Hollywood et qui ce faisant me sortent de ma zone de confort. Je n’ai rien contre un "bon" blockbuster bas de plafond qui divertit le temps d’une projection sur grand écran, mais j’attends un peu plus du 7e Art en vieillissant. OK, je suis bon public en général. Pourtant, je commence à me lasser des productions calibrées pour plaire au plus grand nombre et donc privée d’un semblant d’âme. Fort heureusement, il reste encore des réalisateurs en activité qui me redonnent espoir. Je pense notamment à Denis Villeneuve, Christopher Nolan, George Miller, Alex Garland, Takashi Yamazaki, Sean Baker et bien entendu Bong Joon-ho.
Mickey 17 est à la jonction entre le cinéma social et hautement critique de nos sociétés contemporaines et une science-fiction qui exacerbe les inégalités ainsi que les dérives du consumérisme, et questionne notre moralité. Dans cet univers, l’humain est devenu un produit industriel... défiant jusqu’à la mort et perdant de fait son humanité. Paradoxalement, les personnages interprétés par Robert Pattison dont la performance est à saluer persistent à rester profondément humains au coeur d'un environnement déshumanisé. Et c’est dans ce paradoxe que réside l'une des grandes forces de ce film qui conte les mésaventures d’un pauvre bougre ne souhaitant qu’une chose - vivre - alors qu’il est payé pour mourir encore et encore.

La mort est d’ailleurs un ressort comique aussi fun que brutal qui souligne notre appétence naturelle pour le morbide. Sans surprise, l’humour de Bong Joon-ho fait mouche et souffle un vent de fraîcheur sur un genre qui a trop tendance à se la jouer “dark” pour se convaincre de l’importance de son propos. Au contraire, Mickey 17 distille un humour pince sans rire, acide et d'une certaine manière bienveillant, qui tape régulièrement sous la ceinture. La sexualité y est abordée frontalement, sans chichi, au même titre que d’autres sujets universels dont la mort (évidemment), la religion et la politique... Bong Joon-ho oblige.
Mark Ruffalo incarne à merveille un système présentement à la dérive en donnant du souffle à un homme politique puant et manipulateur qui se sert de la plèbe pour arriver à ses fins et assouvir ses envies de grandeur. L’acteur cabotine comme jamais et se donne à fond pour faire de Kenneth Marshall, inspiré des pires politiques et industriels occidentaux du XXIe siècle, le porte-étendard d’une vision rétrograde et conservatrice du monde… même sur Nifelheim. Cette planète de glace n’a finalement rien d'exceptionnel, mais le shoot de SF est assuré à bord du vaisseau et dans certains designs qui témoignent du sérieux du projet Toutefois, aussi excellent soit Mickey 17, je regrette une seconde partie qui perd de vue son sujet d’origine et s’éparpille. C’est là le seul faux pas selon moi de Bong Joon-ho, un faux pas tiré du roman.
Mickey 17, avec ses acteurs investis, son concept de SF habilement mis en scène et son humour caustique, plaira à tous ceux qui ont un jour rêvé de défier la mort le sourire aux lèvres et de visiter les confins de l’univers en compagnie de Robert Pattinson 17, Robert Pattinson 18, etc.