Cette nouvelle étude révèle des habitudes de jeu des joueurs modernes et pointe du doigt cet énorme problème de l’industrie.

L’addiction aux jeux vidéo

L’addiction aux jeux vidéo est un sujet qui revient très souvent dans les médias. Si, au début des années 2000, elle a créé une véritable frayeur chez beaucoup de parents en voyant leur enfant devant un écran, les clichés autour du jeu ont vite été démontés. Alors oui, l’addiction existe, mais ce n’est pas simplement attesté par le fait de jouer plus d’une heure par jour ou d’en faire un de ses hobbies principaux.

Loin des idées reçues, l’addiction aux jeux vidéo repose sur des critères bien précis définis par les spécialistes. Il ne s’agit pas simplement de passer du temps devant un écran, mais plutôt d’une perte de contrôle entraînant un impact négatif sur la vie sociale, scolaire ou professionnelle. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a d’ailleurs reconnu en 2018 le "trouble du jeu vidéo" comme une pathologie, caractérisée par un comportement persistant et récurrent qui prend le pas sur les autres activités du quotidien. Toutefois, il est assez difficile de s’auto-diagnostiquer, même si avec cette nouvelle étude, vous pourrez savoir si vous jouez plus que les autres ou non.

Est-ce que c’est beaucoup ?

Saviez-vous qu’un joueur passe en moyenne 8 heures par semaine devant un jeu vidéo ? Plus précisément, selon une étude de MIDiA, les joueurs consacrent en moyenne 10 heures par semaine aux jeux vidéo sur console et 9,7 heures sur PC. Cependant, cette donnée est nuancée : deux tiers des joueurs sur PC et console jouent moins de 10 heures par semaine, avec un tiers jouant plus de 10 heures. Environ 36 % des joueurs sur console et 40 % des joueurs sur PC jouent moins de 5 heures par semaine. Sur mobile, les joueurs passent en moyenne 7,6 heures par semaine à jouer, et l'ensemble des joueurs (PC, console, mobile) atteint une moyenne de 8 heures par semaine.

C’est à peu près autant de temps que de regarder des films et des séries, selon une autre étude. Certains pourraient penser que c’est énorme, mais en réalité, c’est un chiffre relativement faible. Beaucoup de jeux aujourd’hui, notamment les open world, demandent au minimum 50 heures de jeu, ce qui signifie qu’il faudrait plus d’un mois pour finir un titre. Et cela, en s’y consacrant pleinement, sans jouer à d’autres jeux. Lorsqu’on connaît le nombre de softs qui sortent chaque mois, ces huit heures paraissent dérisoires.

En parallèle, il y a aussi les jeux qui n’ont pas de fin, mais demandent un engagement régulier pour rester au top, à l’image de League of Legends. On peut aussi parler de tous les jeux avec des saisons ou des événements temporaires qui demandent aux joueurs de se connecter très souvent.

Une industrie qui va ne correspond plus aux joueurs

Ce que reflètent les chiffres, c’est surtout la course effrénée de l’industrie, qui a des conséquences sur le mode de consommation des joueurs. Toujours selon l’étude, cela sous-entend que les joueurs manquent de temps pour s'investir dans des jeux de plus de 80/100 heures, comme ceux des jeux triple A à mondes ouverts. En conséquence, ils deviennent plus sélectifs, ce qui explique pourquoi certains jeux, bien appréciés par la presse, n'ont qu'un succès modéré auprès du public. L’offre de jeux longs ne correspond plus à la demande, car les joueurs ont moins de temps, ce qui crée un décalage entre ce qui est proposé et ce que recherchent les joueurs.

Pour MIDiA, la solution ce sont donc des jeux plus courts, même chez les triple A. Une grande proportion de joueurs ne terminent pas leurs jeux. Logiquement, ces joueurs seraient moins enclins à jouer à une suite potentielle. Les joueurs remarqueraient-ils même si les développeurs réduisaient la durée des jeux comme Assassin’s Creed de 20 % ? Probablement pas, peut-on lire dans l’étude. Comme beaucoup d’acteurs de l’industrie ces dernières années, l’organisme demande de revenir sur des jeux axés sur l’immersion et l’expérience, et pas sur la taille de son contenu. Indirectement, cela pourrait également réduire le nombre de fermetures de studios et de licenciements.