En ce moment dans le catalogue de la plateforme Netflix, les thrillers politiques ont la cote ! Alors que les abonnés ont tout juste eu le temps de visionner la saison 2 de The Night Agent, voilà que le géant américain dégaine déjà une mini-série qui surfe sur la vague des intrigues mêlant manigances politiques et conspirations, enjeux et catastrophes sociétaux et climat complotiste. Mise en scène par la réalisatrice de la série Homeland, Zero Day est la nouvelle arrivée majeure du catalogue Netflix. J’ai vu les six épisodes de cette mini-série : ça m’a paru si réaliste et plausible que j’ai enchaîné les épisodes !
Peu importe si vous avez aimé ou détesté la saison 2 de The Night Agent, ce thriller politique devrait vous plaire !
Cela fait un petit bout de temps que ça ne va pas fort à travers le monde. Un peu partout sur la planète, les pays doivent, à la fois, faire face à leurs propres problématiques et marcher sur des œufs en termes de géopolitique et de relations internationales. Forcément, un tel contexte donne des idées à certains scénaristes et réalisateurs, notamment outre-Atlantique. Ces derniers temps, on a pu voir autant de films et de séries qui ont surfé sur cette vague : Civil War d’Alex Garland, d’une part, ou The Night Agent, pour rester dans la thématique Netflix qu’on est en train d’aborder. Car, oui, après la deuxième saison des aventures de Peter Sutherland, le géant américain de la SVOD rempile avec la mini-série Zero Day. Disponible depuis ce 20 février, cette nouveauté du catalogue, prenant la forme d’un thriller politique s’étalant sur six épisodes (d’un peu moins d’une heure chacun), est chapeautée par Eric Newman, Noah Oppenheim et Michael Schmidt. Si ces noms ne sont peut-être pas les plus évocateurs, il y en a un autre important à retenir : celui de la réalisatrice, Lesli Linka Glatter. Par le passé, on l’a retrouvée sur tout un tas de projets, et notamment la série Homeland, l’un des shows les plus importants des années 2010.

S’il fallait une preuve que cette mini-série, aussi courte qu’efficace, veut frapper fort sur Netflix, la voici ! Pour vous parler brièvement de l’histoire, et vous mettre l’eau à la bouche, elle s’articule autour d’une cyberattaque mondiale dévastatrice dont on constate surtout les répercussions sur le quotidien des États-Unis pendant un peu plus de trois semaines. Pourtant, l’attaque n’a duré qu’une minute, sauf que les conséquences ainsi que l’effet boule de neige qui en découlent vont prendre une immense ampleur tout au long des épisodes ! Au moment de confier les rênes, devant la caméra, un nom s’est rapidement imposé, et non des moindres : celui de Robert de Niro. Pour l’acteur, c’est une grande première. Ici, on ne parle pas de sa collaboration avec Netflix mais de son implication dans une série télévisée, même s’il a déjà eu l’occasion d’apparaître deux fois à travers la petite lucarne (30 Rock, Extras) ! Après avoir joué les stagiaires - il y a dix ans et aux côtés d’Anne Hathaway -, Robert de Niro se retrouve avec une sacrée promotion puisqu’il campe ici un ancien président des États-Unis, appelé en renfort. Est-ce un pari gagnant pour Netflix ? On a visionné l’intégralité de la mini-série, et on vous en parle plus bas.

Zero Day : une menace politique qui fait froid dans le dos et un Robert de Niro taillé pour jouer les ex-présidents
N’y allons pas par quatre chemins, si vous avez aimé le contexte de The Night Agent, mélange entre théorie du complot, jeu de pouvoir, conspiration et manigances politiques, vous devriez apprécier Zero Day. D’ailleurs, on ressent vraiment la patte de la réalisatrice de Homeland tant on est à l’opposé de la dynamique parfois effrénée de The Night Agent. Pour revenir brièvement sur cette dernière, j’avais eu beaucoup de mal avec la seconde saison qui multipliait les sous-intrigues pour, finalement, aboutir à quelque chose de moins maîtrisé, de plus fouilli et brouillon que la première saison. Ici, on se concentre vraiment sur une crise bien identifiée et sur la machination politique qui se cache derrière la cyberattaque du Zero Day. Ce qui est captivant avec la série, c’est qu’on a l’impression qu’elle pourrait se dérouler du jour au lendemain tant elle se sert de thématiques bien réelles et actuelles comme point d’accroche.

Tout au long des épisodes, si l’on sent encore l’angoisse étasunienne de la montée du terrorisme post-11 Septembre, on retrouve une ambiance pesante, presque anxiogène, alimentée par de multiples de problématiques qui peuvent à tout moment faire basculer l’équilibre mondial. Comme on le disait, il y a les enjeux liés au terrorisme, mais pas que ! Les six épisodes de Zero Day sont une sonnette d’alarme sur les dangers de l’hyperconnexion de la société - « Notre interconnexion avec le monde à un coût. Réveillons-nous », une phrase prononcée qui sonne comme un clin d'œil à « l’America First » -, des théories du complot, du pouvoir d’influence des réseaux sociaux, d’une centralisation des entreprises aux mains des géants de la tech ou encore de la corruption des institutions. Bref, une partie d’échecs géante qui, malgré une mise en place assez lente et un rythme ainsi qu’une mise en scène particuliers qui en font un divertissement solide mais peut-être pas un show qui puisse tenir la comparaison avec Homeland.

Au-delà de ça, s’il fallait un autre argument pour justifier le visionnage de cette série dont l’intrigue fait parfois froid dans le dos, c’est la prestation de Robert de Niro. Bien qu’on l’ait connu plus flamboyant par le passé, son incarnation de George Mullen, ancien président des États-Unis et personnalité hautement considérée par le peuple américain, apporte beaucoup à la série. On le voit aussi charismatique que taiseux, aussi déterminé que vulnérable, et ce sans jamais être dans l’exagération ou le sur-jeu. Ici, Robert de Niro campe avec justesse un personnage qui, initialement vu comme l’homme de la situation, va faire l’objet d’une véritable entreprise de démolition médiatique nous amenant nous même à remettre en cause ses compétences, comme on doute de l’identité de celles et ceux qui tirent réellement les ficelles de cette cyberattaque.

À l’image des thèmes explorés dans Zero Day, les personnages eux-même ont une forte résonance avec l’actualité. Joe Biden, Donald Trump, Elon Musk, les grandes figures du complotisme contemporain et tous les événements qui ont gravité ou gravitent toujours autour d’eux. Au fil des épisodes, Zero Day, dans la mouvance de la série Homeland, apparaît comme un miroir de l’Amérique et une exorcisation des angoisses qui émergent de plus en plus face aux défis de notre société. Lente, bien écrite, captivante et déroutante par moments, profondément actuelle et portée par des prestations justes de la part de ses vedettes, Zero Day n’est peut-être pas la mini-série la plus percutante du catalogue de Netflix mais, plus courte et mieux construire que la saison 2 de The Night Agent à mon sens, elle maîtrise suffisamment son sujet pour faire partie de ces thrillers politiques que l’on dévore en l’espace d’un week-end.