Split Fiction : Une expérience coopérative innovante du créateur d'It Takes Two, alliant narration, action et humour

Titre original : Aperçu Split Fiction du 13/02/2025

Josef Fares et Hazelight Studios reviennent avec Split Fiction, un jeu qui entend bien redéfinir les codes de la coopération narrative. Deux écrivaines, piégées dans leurs propres créations, devront unir leurs forces pour survivre. L’éditeur, Electronic Arts, nous a conviés à Los Angeles pour s’essayer quelques heures à cette nouvelle aventure déjà folle qui promet de repousser une fois encore les limites du genre. Voici nos premières impressions.

Quand on demande à Josef Fares de quelle manière il parvient, avec son studio Hazelight, à concevoir des expériences multijoueurs capables, invariablement, de captiver leur audience, il nous lâche presque instinctivement l’une de ses phrases fétiches : « On fout la m*rde sans foutre la m*rde ». Dans le cadre ensoleillé de Los Angeles, loin de ses locaux plantés à Stockholm, le directeur star répond avec une assurance infaillible et une pointe de zèle à nos questions sur Split Fiction, sa nouvelle production qui entend une fois de plus repousser les limites de la narration coopérative après un It Takes Two élu GOTY 2021. Mais, comment ? « Eh bien, quand vous y jouerez, vous comprendrez ce que je veux dire. C'est vraiment un niveau supérieur en tout point, la façon dont on y joue, l'histoire... Je dirais même qu'il y a des choses dans ce jeu, surtout à la fin, auxquelles vous n'avez jamais assisté dans un jeu vidéo. C'est dire à quel point je suis sûr de moi ! ».

Split Fiction, on y a joué 3 heures : Le nouveau jeu vidéo coopératif du créateur de It Takes Two nous a retourné le cerveau

Faisant suite à Cody et May, duo de héros transformés en poupées de chiffon dans le monde Pixar-esque de It Takes Two, Mio et Zoe incarnent des écrivaines aux antipodes, pensant concrétiser leurs rêves en signant leur premier contrat d’édition dans une société prestigieuse. L'une voue une passion dévorante à la science-fiction, l'autre s'enivre des charmes de la fantasy, et leurs univers semblent irréconciliables. Unies par un destin malheureux, elles se retrouvent prisonnières de leurs propres récits après avoir été connectées à une machine conçue pour subtiliser leurs idées créatives. Une proposition qui augure une dualité fascinante tant sur le plan de la direction artistique que du level design, et que l'on imagine élaborée avec une intelligence subtile, mais surtout une passion sincère : « C'est juste que tu veux ressentir cette passion pour ce que tu fais. C'est le plus important. C'est comme quand tu tombes amoureux, tu sais, tu veux que, ce que tu ressens dans la poitrine, ça batte vraiment fort, tu vois ce que je veux dire ? C'est ça qui est important », dit Fares, sourire aux lèvres.

Le Pass Ami existe-t-il pour Split Fiction ?

Oui ! La fonctionnalité de Hazelight qui permet à un joueur qui possède le jeu d'inviter un ami à jouer gratuitement est de retour et disposera même d’options de cross-play activées pour PlayStation, Xbox et PC (via Steam).

De trolls enragés à cochons pétomanes, l’aventure déjà folle de Split Fiction

Au cœur d'imposants studios californiens, Electronic Arts nous a prêté deux manettes et un canapé pour s’essayer au prochain représentant du "couch gaming" pendant environ trois heures. La signature d’Hazelight est déjà lisible dans le principe collaboratif de Split Fiction : sur un écran partagé, ou parfois unique quand la situation le permet, deux joueurs doivent orchestrer leurs actions avec une précision millimétrée, évoluant dans des univers de fantasy luxuriants ou des mégapoles de science-fiction tentaculaires, tous se métamorphosant régulièrement en de palpitants manèges à sensation forte. Quelques bribes de chapitres ont soigneusement été sélectionnées pour nous laisser goûter à une palette de scénarios. La magie des productions de Josef Fares, c’est bien de surmonter le défi difficile de maintenir l'attention des joueurs sur le récit tout en leur permettant de communiquer librement entre eux. L’histoire de Split Fiction semble engageante, tout en demeurant très classique, nous laissant concentrer nos efforts sur un level design inventif et audacieux qui présage des contenus originaux et variés, tous étroitement liés au thème central de l'amitié, fil conducteur de l'aventure :

On a toujours un mot pour relier chaque jeu qu'on fait. Si vous regardez Brothers, on avait "chagrin", A Way Out, "confiance", It Takes Two, "collaboration". Ce jeu parle d'amitié. Il y a toujours un mot qui est lié au jeu et qui nous suit dans notre conception, dans notre façon d'écrire l'histoire et dans notre façon de travailler ensemble. C'est ce qu'on essaie d'intégrer comme élément central pour tout le jeu. Et ouais, on fait juste de notre mieux pour essayer de trouver la meilleure façon de faire en sorte que ça fonctionne ensemble, vous savez, transmettre l'histoire et le gameplay, tout en se basant sur ce mot, vous voyez, on essaie de trouver la meilleure solution pour trouver ce qui marche le mieux.

Split Fiction, on y a joué 3 heures : Le nouveau jeu vidéo coopératif du créateur de It Takes Two nous a retourné le cerveau

Nos protagonistes sont écrivaines, projetées dans leurs propres univers créatifs, et Hazelight tire pleinement parti de ce contexte pour nous suggérer, en marge de la trame principale, des quêtes annexes servant d'anomalies, ou plutôt des « histoires » annexes, comme tient à le corriger Fares quand on lui en fait mention. Même en étant un fervent partisan du traçage en ligne droite, vous ne voudrez pas manquer les à-côtés de Split Fiction, nichés dans les différents niveaux du titre. Il serait vraiment regrettable de ne pas pouvoir partager avec vos proches ce moment où, après avoir frôlé la mort en défiant une horde de trolls enragés, vous avez été transformé en cochon grivois, pour ensuite finir sur une grille de barbecue, nappé d'un délicieux combo ketchup-mayonnaise. Au vu des folles idées imbriquées dans le script du jeu, non dépourvu d’un humour bon enfant, on comprend vite à quelle sauce on va être mangé, et la partie s’annonce déjà délicieusement riche.

Toutes les idées sont les bienvenues tant qu'elles correspondent à la vision et à l'équipe nous nous déchaînons, nous trouvons des idées différentes et nous nous assurons qu'elles s'intègrent vraiment dans le jeu et que nous pouvons les amener à un niveau où elles se sentent vraiment bien. et on s'assure qu'elles sont naturelles, que l'évolution du mécanisme correspond bien au jeu et ensuite on se fie à notre instinct et on fait avec, ce n'est pas comme si on avait des règles strictes, on fait avec, en gros.

Transformations, puzzles et dragons : le level design au service de l’amitié

Absolument tout, dans Split Fiction, semble habilement organisé pour nous dépayser à chaque instant : un scénario rempli d’embranchements complètement fous, un level design déjà captivant, et cette dualité fabuleuse dans le cadre illustré. Si les panoramas futuristes empruntés à Blade Runner et Dune sont très jolis, ce sont néanmoins les décors fantastiques dignes d’un village de Hobbits qui nous ont le plus buffés, lesquels sont habités par une magnifique nature brute et des trolls par dizaines. Dans le monde SF de Mio, nous avons eu l'opportunité d'expérimenter des armes différentes, utiles pour achever des puzzles environnementaux pas si simples. Dans celui de Zoe, nous avons découvert la faculté de se métamorphoser à volonté, adoptant des formes animales aussi diverses qu'un primate agil, un poisson véloce ou un lutin, afin de surmonter des obstacles retors. Un autre niveau, encore, permettait de chevaucher des dragons. Et citons ces fois pendant lesquelles nous avons pu courir sur les murs, réaliser une phase d’infiltration, jouer avec la gravité et se balancer dans les airs avec des grappins. Comme dans It Takes Two, les actions de nos héroïnes sont parfaitement complémentaires et nécessitent une coordination à toute épreuve. Quand l’une conduit un véhicule, l’autre en profite pour liquider ses balles sur l’adversaire. Quand l’une, transformée en saucisse, a besoin d’être imbibée de sauce avant de se faufiler dans son pain à hot-dog, c’est l’autre qui appuie sur le tube de mayonnaise.

Split Fiction, on y a joué 3 heures : Le nouveau jeu vidéo coopératif du créateur de It Takes Two nous a retourné le cerveau

L'ennui est absent de la partie. Le secret d’un bon rythme ? Probablement l’absence de boucle de gameplay, un concept qui n’est pas familier à Fares : « Cela n'existe pas. Il n'y a pas de boucle de gameplay parce que je crois que dans nos jeux, le rythme est important. Le rythme comprend la façon dont la mécanique change tout le temps. C'est pourquoi nous avons toujours de nouveaux mécanismes. Cela dit, c'est aussi l'un des défis les plus difficiles à relever, parce qu'il y a tellement de mécanismes différents ». A chaque monde nouvellement arpenté, viendrait donc un lot inédit de capacités. Après la poignée d’heures passées sur Split Fiction et une dizaine d'exclamations lâchées, l’impression d’avoir expérimenté une variété assez époustouflante de mécaniques se dessine déjà, avec l’espoir très concret de goûter à l’aventure ultime du studio Hazelight.

Split Fiction, on y a joué 3 heures : Le nouveau jeu vidéo coopératif du créateur de It Takes Two nous a retourné le cerveau

Dans son essence, Split Fiction ressemble à It Takes Two, intégrant beaucoup de plateformes et de résolution de puzzles en coopération, mais se distingue par une emphase marquée sur l'action, propulsant le genre vers de nouveaux sommets d'intensité. Les quelques combats de boss nous ont donné du fil à retordre, tant sur le plan de la compréhension de leurs mécaniques que sur celui de la difficulté pure. Et si dans It Takes Two, il fallait déjà un minimum de skill à votre partenaire de jeu pour s'en sortir lors de certaines phases, cette aventure place le niveau un cran au-dessus. On peut aisément imaginer l'ardeur avec laquelle les équipes d'Hazelight ont dû cogiter pour donner vie à ces quelques séquences. Une créativité qui a une fois de plus été stimulée par la confiance indéfectible d'un Fares, fan d’analogies : « Si vous avez une bonne relation, vous ne doutez pas de votre femme ou de votre mari, mais vous allez rencontrer des défis. Vous n'allez pas aborder chaque défi en vous disant: "Ah, je suis sûr que nous avons quelque chose de solide ici." Eh bien, la production d'un jeu vidéo, c'est pareil, vous savez que c'est solide, mais vous savez aussi que vous allez avoir beaucoup de défis. »

Nos impressions

Déjà imprévisible, enchanteur et bourré d’humour, Split Fiction ne nous a laissé que peu de répit durant ses quelques heures de prise en main. Si le jeu parvient à maintenir la diversité folle de ses situations sur l'ensemble de l'aventure, Hazelight tient une fois de plus la promesse d'une expérience coopérative hors du commun, capable même de surpasser son prédécesseur en termes de level design. Split Fiction s'appuie sur une formule qui a déjà fait ses preuves, tout en y insufflant une dose d'audace supplémentaire, où la traditionnelle boucle de gameplay est brisée pour laisser entrevoir une expérience en constante évolution. Verdict final le 6 mars 2025.

L'avis de la rédaction
Excitant