Avowed : Analyse d'un RPG décevant face à l'héritage de Skyrim

Titre original : Test du jeu Avowed est-il vraiment à la hauteur de The Elder Scrolls Skyrim ?

Papa de jeux de rôle (entre autres) connus et reconnus, Obsidian revient aujourd’hui avec Avowed, un nouveau RPG qui s’inscrit d’ailleurs dans le même univers que Pillars of Eternity. Le titre est attendu le 18 février prochain sur PC et Xbox Series X|S, et sera dispo day one dans le Xbox Game Pass Ultimate sur console et le Game Pass PC. Alors, ça vaut quoi ? Notre réponse dans ce test.

Cet article comprend des captures d'écran d'Avowed sur PC et Xbox Series X.

Mine de rien, il y a pas mal d’attentes autour d’Avowed ! Le nouveau projet d’Obsidian - Fallout New Vegas, Pillars of Eternity - incarne la promesse d’un gros RPG de fantaisie à la première personne, à tel point que, sur la toile, on le compare parfois à Skyrim (oui on sait, on fait pareil dans notre titre). Ce à quoi nous répondons “déso, mais non”. Après plus de 40h de jeu, Avowed s’est avéré être une petite déception, que ce soit du côté de ses mécaniques de jeu de rôle ou de sa manière d’aborder les combats et l’exploration. Un pincement au cœur d’autant plus vilain que, dans ses premières heures, le titre nous a vraiment séduit... avant de s’effriter au fur et à mesure. Alors, on vous laisse découvrir le pourquoi du comment dans ce test.

Comme le nez au milieu de la figure

Comme indiqué plus haut, Avowed se déroule dans le même univers que Pillars of Eternity. On y retrouve donc le même lore, la même géographie, les mêmes races de personnages. Mais ne vous inquiétez pas, pas besoin d’avoir joué à Pillars pour comprendre ce qu’il se passe… Avec Avowed, Obsidian fait même un joli travail d’exposition et introduit en douceur tous les enjeux et factions à l'œuvre. Un truc pratique, c’est une sorte de dictionnaire sous la forme d’un menu déroulant qui vous donne la définition des termes les plus importants, dans n’importe quel dialogue. Ça évite à Obsidian de se perdre dans de l’exposition maladroite et pour les néophytes de Pillars of Eternity comme moi, c’était très pratique.

Le Petit Robert d'Avowed

Avowed est-il vraiment à la hauteur de The Elder Scrolls Skyrim ?

Pour en revenir au scénario, Avowed nous place dans la peau d’un Émissaire de l’Empire d’Aedyr (dont l’apparence est entièrement personnalisable avec tout plein d’options). Vous êtes envoyé sur les Terres Vivantes, une grosse île peuplée de colonies indépendantes que votre partie cherche à “unifier”. Déjà, votre noble quête colonialiste ne vous aidera pas à vous faire des copains, mais vous devrez surtout faire face à deux gros problèmes : le Malrêve, une sorte de virus zombie qui s’en prend aussi bien à la faune qu’à la flore, et le Garrot d’Acier, une milice fondée par Aedyr dont les pratiques sont pour le moins… musclées. Pour couronner le tout, votre personnage est un être divin, touché avant sa naissance par la grâce d’un Dieu inconnu, ce qui lui a laissé d’étranges traces sur le visage. En gros, c’est marqué sur votre front que vous êtes, de un, un envahisseur, et de deux, un être à l’origine exceptionnel, ce qu’on ne manquera pas de vous rappeler.

Un début plus que prometteur

Franchement, nous avons adoré le pitch de départ d’Avowed… Le mélange entre le colonialisme et la dimension plus ésotérique marche bien, surtout au début de l’aventure quand les motivations de certains personnages sont floues et qu’on doit naviguer entre notre allégeance à l’Empereur et les problèmes propres aux Terres Vivantes. Mais pour nous, ce numéro d’équilibriste se casse la figure dès la deuxième zone du jeu, où tout devient plus binaire et manichéen. On ne va pas trop en dire mais en gros, un personnage se révèle clairement LE grand méchant de l’histoire, et même si on apprend plus tard ses motivations et qu’on a même la possibilité de le rejoindre, pour nous, il y a quelque chose qui se brise à ce moment-là. C’est un peu comme si le jeu nous demandait d’un coup d’être “soit le gentil, soit le méchant”, et après une première partie bien écrite où rien n’est noir ou blanc, ben ça fait tache. Malheureusement, la suite de la quête principale n’arrive pas à retrouver l’équilibre et le charme des premières heures.

Avowed est-il vraiment à la hauteur de The Elder Scrolls Skyrim ?Avowed est-il vraiment à la hauteur de The Elder Scrolls Skyrim ?

Après, Avowed a le mérite de nous mettre face à des choix déterminants pour la suite de l’aventure et de nous proposer de rejoindre le côté obscur (c’est toujours agréable). Si d’ailleurs vous voulez vraiment être méchant, les discussions vous laisseront chaque fois cette option. En revanche, vous ne pouvez pas attaquer un PNJ en dehors d’un dialogue ou d’une action prévue par le scénario, et pour ceux qui préfèrent manier les mots pour se sortir d’un pétrin, eh bien, vous allez globalement être déçus (même en la présence de choix uniques à vos stats et à l’historique de départ de votre personnage). En tout cas, nous l’avons été.

En fait, pour un jeu de rôle mine de rien assez ambitieux, avec 30 à 40h de durée de vie, l’écriture d’Avowed manque d’ambition. Avec le recul, peu de situations nous laissent vraiment nous exprimer en tant que joueur - dans le sens où on l’entend dans un jeu de rôle -, et une fois qu’on a compris jusqu’où Obsidian est prêt à aller pour nous raconter ce qu’il a à nous raconter, ben on décroche. Tout devient plus ou moins fade, en particulier les quêtes annexes et les interactions avec les PNJ, quand bien même le studio cherche à faire écho aux intrigues et aux sous-intrigues de son univers. L’écriture des compagnons manque malheureusement aussi de matière, et à part Kai (le premier personnage qui rejoint votre équipe), il faut franchement y aller pour s’y attacher. Tout ça est en plus alourdi par un manque de mise en scène et d’astuces pour créer des moments de jeu uniques : les missions recyclent les mêmes combats et énigmes jusqu’à la fin du jeu, et on n’exagère pas. Après oui, il y a quelques retournements de situation bienvenus ; Oui, on a toujours éprouvé une certaine curiosité à l’égard de la quête principale ; Oui, chaque nouvelle zone donne un coup de peps qui fait aller de l’avant. Mais, on en attendait plus de la part d’Obsidian.

Il n'y a que Kai qui maille

Avowed est-il vraiment à la hauteur de The Elder Scrolls Skyrim ?

Un kilomètre à pied, ça use, ça use…

Pour continuer sur une note plus joyeuse, parlons de l’exploration ! Parce que oui, les quatre zones principales d’Avowed vous feront voir du pays, et c’est certainement le plus gros point fort du titre. Obsidian déploie ici une direction artistique colorée et mine de rien plutôt réussie, à mi-chemin entre de la fantaisie classique, Myst et le Palais Idéal du Facteur Cheval (si ce monument fou du sud-est de la France vous parle). Une D.A. qui fait parfois preuve de fulgurances et qui nous attrape pendant une bonne partie de l’aventure - même si elle s’essouffle progressivement -, et qui donne à Avowed une chouette personnalité. À ce stade, il faut signaler que la version Xbox Series X nous a pas mal déçus. Le rendu tire un peu la tronche par rapport à la version PC, et même en mode Équilibré - 40 images par seconde sur les écrans avec une entrée 120 hz -, certains détails comme la lumière et les effets des sorts manquent de patate. On a d’ailleurs constaté quelques ralentissements en mode Équilibré et même en Performance (celui à 60 fps). Plus globalement, Avowed n’est pas non plus un monstre de puissance. Le rendu des cinématiques et des visages, par exemple, c’est pas son fort.

Bref, pour en revenir à l’exploration, il y a un autre bon point : votre curiosité sera systématiquement récompensée, et si vous voyez un chemin ou une ruine à l’horizon, c’est qu’il y a forcément quelque chose au bout. Le jeu d’Obsidian mise d’ailleurs sur des déplacements assez souples : vous pouvez escalader n’importe quel obstacle à bonne hauteur et sauter relativement loin avec de l’élan, ce qui permet au studio de cacher des coffres partout.

Mais en parlant de coffres (ou de trucs à looter en général), Obsidian a eu un peu la main lourde. Il y en a partout, mais quand on vous dit partout, c’est partout ! La ville de Paradis, dans la première zone du jeu, est un peu traumatisante sur ce point. En fait, comme chaque trésor émet par défaut un petit effet sonore, vous ne pouvez pas faire deux pas sans entendre un truc qui "brille" dans les parages. Si vous êtes comme nous, vous réaliserez beaucoup trop tard que ce bruitage peut être désactivé dans les options. Franchement, il devrait être sur OFF par défaut, parce que de notre côté, au bout de 30h de jeu, la simple idée d’ouvrir un coffre nous fatiguait.

Paradis, la cité des mille trésors (littéralement)

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Simple n’est pas simpliste

En tout cas, que vous aimiez ou pas les coffres, vous y trouverez largement de quoi améliorer vos armes. Dans Avowed, c’est un peu le nerf de la guerre… En fait, ici, au-delà de votre niveau et de vos compétences actives et passives, c’est le rang de votre arsenal qui marque un vrai différentiel de puissance avec l’adversaire. Des rangs, il y en a 5, de Commun à Légendaire, et ils s’appliquent aussi bien à votre équipement qu’aux créatures des Terres Vivantes. Par exemple, si votre épée est au rang 4 et que votre opposant est de rang 5, eh bien, vous lui ferez nettement moins de dégâts (et inversement si le rapport de force penche pour vous). Une grosse partie de la progression d’Avowed passe donc par l’amélioration de votre arsenal, ce qui se fait naturellement : les objets nécessaires à ces upgrades s'obtiennent en jouant “normalement”, dans les fameux coffres, sur le cadavre des ennemis ou directement dans la nature. L’atelier de craft - ainsi que quelques autres interfaces - se trouve dans les Camps, des zones plus ou moins coupées du reste de l’aventure et qui permettent de faire passer l’heure de la journée, retrouver ses PV et son mana et discuter avec ses compagnons de voyage.

Le système de rang a l’avantage de rendre le différentiel de puissance avec l’adversaire plus limpide et simple que dans la plupart des RPG, ce qui n’est pas une mauvaise idée en soi, mais le revers de la médaille, c’est que ça met toutes les armes d’une zone sur une sorte de “pied d’égalité”. Dans notre partie, nous sommes rarement tombés sur une arme plus puissante qui nous a donné envie de changer de setup, et ça, et ça a participé à rendre le loot de moins en moins excitant. Après, il faut quand même noter la présence d’objets uniques, ces équipements qui ont souvent des bonus cools (une épée enflammée, un pistolet électrique). Il est aussi possible d’enchanter ces objets uniques et d’obtenir d’autres bonus passifs grâce à un système de Totem et de fragments à récupérer dans les zones ouvertes. Pour celles et ceux qui voudraient s’investir dans les difficultés avancées d’Avowed, c’est une piste intéressante. Mais en mode Normal, ces améliorations sont assez anecdotiques, à tel point qu’il nous est arrivé d’oublier qu’on en avait activé.

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On termine avec quelques mots sur l’arbre de compétences, qui s’est avéré un peu décevant. Il est découpé en trois grandes parties : Combattant, Rôdeur et Magicien, et son plus grand défaut, c’est de surtout proposer des compétences passives (même si c’est moins le cas pour les sorts). De notre côté, nous n’avons pas insisté pour déverrouiller des pouvoirs magiques, dans la mesure où ils sont aussi accessibles via les grimoires, des “armes” que l’on peut équiper comme n’importe quelle arme classique. Avowed offre également une poignée de compétences liées à la nature divine de votre personnage, ainsi que quatre pouvoirs par compagnon à améliorer. Bref, de nouveau, ça manque de matière, et on ne peut malheureusement pas tout excuser sous couvert qu’Obsidian cherche à créer un RPG plus accessible que la moyenne.

De la castagne qui laisse des marques

Avant de conclure, un petit mot sur les combats ! Comme tout le reste d’Avowed, ça se passe à la première personne (le titre propose aussi un mode 100% troisième personne) et Obsidian a fait du bon boulot pour rendre ces phases dynamiques. Que ce soit avec des armes de corps-à-corps ou à distance, l’impact des coups est bien retranscrit, et lancer une attaque chargée pour ensuite voir son adversaire s’envoler façon ragdoll, c’était un plaisir du début à la fin. Surtout, le studio introduit ici un arsenal original pour un RPG fantasy, avec des armes à feu et même des baguettes magiques qui vous donneront l’impression d’être dans Hogwarts Legacy. Ça peut paraître bizarre dit comme ça, mais ça marche bien ! On a aussi beaucoup aimé les grimoires, qui servent à accéder à plusieurs sorts très tôt dans l’aventure sans avoir à investir des points de compétences ou à monter en levels.

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Cerise sur le gâteau : dans Avowed, Obsidian vous laisse porter n’importe quelle arme dans chaque main (à part lorsqu’il est question d’une arme à deux mains, évidemment), et vous pouvez même switcher entre deux setup à tout moment dans le feu de l’action. Autrement dit, vous pouvez très bien avoir un grimoire et une baguette magique avec, en réserve, un gros marteau de bourrin. Il y a une douzaine de types d’armes et c’est franchement agréable d’essayer différentes combinaisons. Les combats sont en plus accompagnés d’une roue d’action qui permet, en plus des raccourcis classiques, d’accéder rapidement à vos compétences et à celles de vos compagnons. Vous pouvez aussi envoyer des projectiles comme des grenades ou des boules de feu, sans parler de l’agilité naturelle de votre héros qui vous autorise à dasher sur les côtés et l’arrière (on n’aurait d’ailleurs pas dit non à un dash vers l’avant). L’un dans l’autre, Avowed autorise des enchaînements assez chouettes. Il faut juste faire attention à son endurance - affichée par une barre au milieu de l’écran -, qui s’épuise quand vous enchaînez les coups ou chargez trop longtemps une attaque.

Mais le problème, c’est que le bestiaire fait pas du tout honneur aux combats. Déjà, il n’y a très clairement pas assez de monstres, et vous affronterez les mêmes araignées, les mêmes lézards et les mêmes humains-zombies-squlettes jusqu’à la fin du jeu. Surtout, aucun des monstres n’instaure de vraie nouvelle dynamique de combat, nous avons vraiment eu l’impression d’attaquer, tirer et esquiver de la même manière pendant 40h (même si les compétences renouvellent un peu l’ensemble). Même les boss utilisent grosso modo les mêmes patterns que les ennemis de base.

Conclusion

Points forts

  • La première partie de l’aventure
  • Curiosité toujours récompensée
  • Les choix les plus déterminants
  • Une jolie direction artistique capable de fulgurances (surtout sur PC)

Points faibles

  • Une écriture et des quêtes décevantes
  • Un bestiaire très clairement insuffisant
  • Les combats ne se renouvellent presque pas
  • Le gestion du loot et des rangs
  • Arbre de compétences pas assez fourni
  • Les cinématiques, certains choix de design

Note de la rédaction

13

Malgré une première partie très engageante, Avowed déçoit et ne contentera jamais complètement les fans de RPG ou les fans d’action-aventure. Pour un titre qui dure entre 30 et 40h, l’écriture n’est pas assez fournie et les phases d’action et d’exploration peinent à se renouveler. C’est franchement dommage, parce que dans les premières heures, on sent qu’Obsidian tenait quelque chose. L’aventure vaut tout de même le détour pour certains embranchements scénaristiques, le plaisir de voir sa curiosité récompensée et les adversaires s’envoler avec du ragoll, et la direction artistique, capable de belles fulgurances.

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