Coup de tonnerre dans le milieu cinématographique, ce geste de la France en faveur des plateformes de streaming a le don d’éveiller les craintes de l’acteur le plus important dans le domaine.
Les choses vont changer
Cela a été signé le 9 février par le Ministère de la Culture : le nouvel accord sur la chronologie des médias se poursuit pour trois ans encore, au bénéfice des plateformes de streaming. Olivier Henrard, président du CNC jusqu’au 17 février, évoque les objectifs de ce nouveau système, à savoir “l’exploitation en salle de cinéma pendant les premières semaines de la vie des films ; et assurer le préfinancement des œuvres cinématographiques en France, en garantissant à chaque diffuseur une forme d’exclusivité pendant sa fenêtre d’exploitation“.
Dans le même moment, Disney+ a réussi à obtenir des droits de diffusion plus rapides. Les films pourront arriver sur son service 9 mois après leur sortie en salle, contre 17 mois auparavant. Une faveur que Netflix, Amazon et Apple tentent également d’obtenir. Ce nouvel accord d'exploitation en faveur de la firme aux grandes oreilles a notamment été rendu possible grâce à la promesse de Disney de consacrer 25 % de ses revenus annuels (40 millions d’euros environ par an) dans le contenu cinématographique français. Grâce à Vaiana 2 et Vice-Versa 2, en 2024 Disney a été leader des ventes de billets sur le marché français.

Le cinéma se désintègre ?
La réaction de Canal+ a été tumultueuse. Son président, Maxime Saada, s’offusque que l’État français soit aussi compatissant avec les compagnies de streaming : “le cinéma menace de s’effondrer”. Le PDG qualifie ces firmes de “cheval de Troie”, alors que Canal+ contribue également financièrement au cinéma français et européen.
En 2024, Canal a dépensé 220 millions € pour la lecture de scénario de 130 films. Dans sa tribune chez Le Monde, Maxime Saada explique que quarante-cinq films n’auraient pas pu voir le jour sans ce soutien exclusif de Canal+. De ce fait, les films peuvent arriver dans son catalogue 6 mois après leur diffusion au cinéma.
Maxime Saada redoute que le cinéma perde progressivement sa protection avec ce nouveau modèle de temporalité des médias, au bénéfice de la monétisation directe des contenus en streaming. Ces concurrents risquent aussi de favoriser toujours plus les productions nord-américaines.