Un point commun entre Shadow of the Colossus et Elden Ring est le fait que les deux jeux racontent une histoire au travers de leur monde ouvert. Cette narration environnementale se retrouve également dans ce grand titre Nintendo…
Dans cet article, des secrest et autres détails de Breath of the Wild sont suceptibles de vous spoiler.
Si vous avez joué à The Legend of Zelda : Breath of the Wild, une image a dû vous rester en tête : celle de votre première découverte du monde ouvert, juste après que Link se soit éveillé, au tout début du jeu. De la colline d’où vous vous tenez, vous contemplez la nature sauvage, les multiples ruines, le château d’Hyrule que vous distinguez au loin et le volcan bouillonnant qui le surplombe. Hyrule est en ruine, son château (qui est au centre de votre champ de vue et de vos objectifs) est menacé par une force maléfique.

Si le jeu peut vous paraître joliment chatoyant en surface, les lieux n’en restent pas moins les témoins d’une apocalypse (le second Grand Fléau) qui a eu lieu il y a cent ans. Lors de ces événements tragiques, Ganon a vaincu Link, Zelda et les champions au cours d’un affrontement destructeur. Tout comme Link qui tente de retrouver ses souvenirs après ses 100 ans de sommeil réparateur, le joueur s'efforce de connecter les signaux que lui envoie le décor pour comprendre les enjeux qui se jouent.
Arriver après un événement majeur, sans que l’on ne sache lequel, nous donne une impression de nostalgie. Si le jeu peut se terminer sans s’intéresser au lore, avec un petit peu de curiosité, on se retrouve vite interpellé par ce que le jeu, et plus particulièrement son environnement, a à nous raconter. Car oui, avec peu de dialogues – comme dans tous les opus, Link est muet – Breath of the Wild parvient à nous conter une histoire épique. Ceci, à travers ces ruines, ces objets, ces hameaux et communautés. Comment l'environnement du chef-d'œuvre de Nintendo joue le rôle de narrateur ?
Le jeu de chez Nintendo est en effet un bon exemple de narration environnementale. Ce concept à la manière dont les jeux vidéo, au travers de leur décor, nous racontent des histoires. En s’intéressant à l’environnement de cet opus de la célèbre licence de Nintendo, le joueur prend peu à peu conscience de la catastrophe qui s’est déroulée et quel est le sens de cette nouvelle aventure menée par Link, un hylien (peuple souverain du royaume d’Hyrule).
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Un héros qui fait le lien avec le passé
Vous ne pouvez pas parcourir cent mètres dans le jeu sans tomber sur des ruines. Celles-ci sont même plus nombreuses que les bâtiments encore debout. Rien que cette observation permet de réaliser la brutalité et l’étendue des combats qui ont eu cours contre Ganon. En parcourant ces ruines, le joueur rencontre des gardiens, sous forme de dépouille parfois. Ces ennemis ont été à l’origine créés par les Sheikahs (peuple maîtrisant la magie) pour protéger Hyrule, on reconnaît dans les caractéristiques physiques de ces monstres les particularités de cette communauté tel que l’œil.

Aux abords du fort Hateno, pléthores jonchent le sol devant l’arche et les piques de bois construits par les locaux pour se protéger. On comprend alors que les gardiens ont affronté les peuples du royaume d’Hyrule, ce qui suggère qu’une partie des scientifiques Sheikahs ont été corrompus par Ganondorf et se sont mis alors à son service. On mesure alors l’ampleur des pouvoirs de cet antagoniste qui est capable de faire changer de camp des protecteurs du royaume. Un sentiment de désolation peut alors vous envahir lorsque vous vous rendez compte, au fur et à mesure de votre marche que tout a été anéanti, le plus affligeant étant de deviner la vie qui s’y déroulait autrefois, comme au ranch du village Mabe, qui a été complètement démoli.
Parcourir des coins plus marginaux vous refait vite reprendre espoir : des villages ont été épargnés, comme le village Cocorico. Situé entre de grandes montagnes, ce lieu de vie est celui des Sheikahs, le peuple protecteur de la famille royale.

Si votre curiosité vous a d’abord amené à parcourir les plaines d’Hyrule, vous voilà dorénavant en direction de la colline du Belvédère, afin de voir ce qui se trouve sur son sommet. Même si pratiquement tout a été détruit, des avant-postes sont encore en place, c’est le cas de la colline mentionnée. Même si ses murs ont été affectés, on peut deviner d’où ont surgi les projectiles durant le second Grand Fléau en scrutant quelles sont les fondations endommagées. Le joueur réalise que seules de grosses boules de roche enflammées ont pu avoir un tel impact.
Ces objets qui ne sont pas là pour la déco
Beaucoup d’objets parsemés un peu partout permettent à Link de se remémorer le second Grand Fléau, à l’image des baguettes des météores que vous retrouvez sur le sol ou que vous obtenez suite à votre victoire face à un sorcier de feu brasero. Leur présence vous rappelle votre théorie sur les boules de feu venues s’écraser sur l’avant-poste. Ces armes ont pu être fabriquées à partir de ces boulets.
Même si Impa, la scientifique Sheikah, vous indique le chemin à suivre pour votre mission principale, c’est surtout l’environnement dans lequel vous vadrouillez qui vous conte les événements passés. BOTW est l’opus parfait pour les joueurs les plus fureteurs, car il a été pensé pour récompenser la curiosité de ces derniers. En poussant votre exploration de la grotte en Hébra vous tombez sur un grand fossile de baleine vous laissant seul avec une interrogation, comment ce mammifère a pu atterrir là ? En découvrant davantage de fossiles de l’animal, vous comprenez que l’espèce n’existe plus dans ce monde.

Beaucoup d’êtres vivants semblent ne pas avoir survécu à l’apocalypse, c’est aussi le cas des Sheikahs et vous le comprenez en visitant leur village Cocorico. Dans un coin, on se retrouve face à de multiples pierres en position debout. On trouve la signification de cette disposition de roches en visitant la tombe du Roi. Chaque pierre au village Cocorico représente en fait un Sheikah tombé au combat et fait ressentir au joueur le poids des morts encore dans la mémoire des survivants. Visiter les recoins d’Hyrule, notamment les ruines, permet d’aider notre héros à retrouver la mémoire, mais également d’honorer la mémoire des victimes.
L’histoire vous raconte que les âmes de ces défunts sont capturées dans les pierres lumineuses, des éléments qui éclairent le chemin de Link lorsqu’il farm des minerais, comme si les esprits le soutenaient dans sa quête. Ces pierres sacrées rappellent, avec leur bleu brillant, le spectre du Roi Rhoam qui vous apparaît au sommet des ruines du temple du Temps.


Une leçon de résilience
Si la faune actuelle semble moins prolifique qu’avant et que tout rappelle les Grands Fléaux, d’autres objets témoignent de la résilience non seulement de la nature mais des habitants d’Hyrule. C’est le cas des Princesses de la Sérénité, cette fleur en voie de disparition que l’on voit repousser aux fontaines des grandes fées, dans la forêt de Korogu, mais également au milieu des ruines du château corrompu. Ces fleurs marquent également l’espoir de la Princesse Zelda qui regagne son courage lorsqu’elle trouve assistance en la personne de Link.
Et puis, dans de multiples hameaux, la vie a repris son cours : les gens cuisinent, campent en communauté et commercent à nouveau, à l’instar des pêcheurs du village Écaraille dont on devine les relations de proximité avec les Zoras, un peuple piscivore, des Gorons qui minent, ou de Cado (du village Cocorico) qui continuent d’élever ses poulets. Le village Écaraille se démarque d’ailleurs des autres lieux de vie puisqu’il est comme déconnecté de l'ambiance dramatique. Le climat y est doux et la présence de paillotes invite plus à la relaxation qu’à l’entraînement.

Dans l'opus qui suit, Tears of the Kingdom, les Hyliens réinvestissent des endroits symboliques tels que les ruines du terrain sacré, un lieu de serment pour la garde royale par le passé qui est devenu un lieu de campement. Les locaux y ont amassé des armes. Ces victimes d’hier se préparent pour un potentiel retour de l’ennemi…Dans la prochaine aventure !