Dune connaît un regain d’intérêt ces dernières années auprès du grand public via notamment les films réalisés par Denis Villeneuve avec Timothée Chalamet et Zendaya dans les rôles principaux. Cet univers de science-fiction mythique imaginé dans les années 1960 par Frank Herbert se lance en 2025 à la conquête du 10e Art. Dune : Awakening développé et édité par Funcom (Conan Exiles, The Secret World) est-il en mesure de rassembler tous les fans de la saga sous un même étendard ? Voici nos impressions après 6 heures de jeu sur PC.
Lors d’un événement organisé par Funcom dans la ville d’Oslo en Norvège, la rédaction de JV a pu explorer la planète Arrakis au cours d’une session sur PC d’une durée de 6 heures et échanger avec plusieurs membres des studios en charge de Dune : Awakening. Ce second contact s’est surtout focalisé sur les premières heures de jeu.
Awakening ou le What If… de Dune
Il y a plusieurs années, la chaîne de télévision américaine spécialisée SYFY qualifiait Dune de “Mont Everest de la science-fiction”, et il faut bien reconnaître que l'œuvre littéraire couchée sur papier par Frank Herbert peut sembler austère pour les non-initiés au genre. Toutefois, le diptyque de Denis Villeneuve et la série HBO ont quelque peu changé la donne, et Funcom compte bien trouver sa voie au cours de ce nouvel âge d’or avec une adaptation qui déjoue les attentes des fans. Dune : Awakening n’est ni un préquel, ni une suite, ni un spin-off de la saga cinématographique… C’est un What If… ?.
Le MMO de survie conçu par les studios norvégiens repose sur un postulat de départ on ne peut plus simple, mais qui transforme complètement l'histoire que nous connaissons. Et si Dame Jessica n’avait jamais donné naissance à Paul Atréides ? De cette simple question naît un univers alternatif reposant certes sur les six romans de Frank Herbert, mais osant s’aventurer dans l’inconnu. Les puristes pourraient trouver à redire. A titre personnel, je trouve le pari de Funcom vraiment excitant. Cet univers de science-fiction étudié sous tous les angles se réimagine en 2025 pour mon plus grand plaisir.
La seule paix que je trouve est celle d'un avenir qui n'a jamais eu lieu. Un avenir où Paul Atréides n'est jamais venu au monde. J'ai créé le futur jusqu'à ce qu'il me crée, mais je vois une autre voie, un chemin qui aurait pu être. Et si ma mère avait obéi aux ordres et donné naissance à une fille ? Tout aurait changé. Le Dr (Wellington) Yueh découvert avant sa trahison. Un monde où mon père vit, la maison Atréides survivant à la bataille d'Arrakeen. Les Sardaukar déployés pour protéger la marge d'épices. Une guerre d'Assassins se propageant sur toute la planète. Les Fremen exterminés. Pas de Muad'Dib. Pas de Lisan al Gaib. Pas de Kwisatz Haderach. Toutes mes visions mènent à l'horreur, sauf celle-ci. Celle-ci mène à vous. - (Paul Atréides)
Notre histoire débute face à la révérende mère du Bene Gesserit. Prisonnier de cet ordre religieux, nous sommes envoyés sur Arrakis pour découvrir la vérité entourant le massacre des Fremen. Malheureusement, notre vaisseau est descendu en plein vol. Ayant survécu miraculeusement au crash, notre aventure commence sous le soleil brûlant de la planète surnommée Dune. La première heure d’Awakening, qui prend des airs de tutoriel, se veut bien plus narrative que celles qui vont suivre. La mise en scène y est omniprésente, mais finit par se faire (trop) discrète par la suite. Exception faite d’une séquence sous épice scriptée fort plaisante et quelques éléments de lore disséminés ici et là, le récit prend vraiment son temps… MMO oblige… au risque de frustrer ceux en quête de réponses.
Visuellement parlant, Dune : Awakening se défend pour un MMO. Pourtant, il n’est pas évident de se démarquer dans une industrie par essence concurrentielle… d’autant plus lorsque l’environnement du jeu se résume à des étendues de sables. Les artistes de Funcom sont parvenus non sans mal à rendre Arrakis mémorable et à en faire un lieu plaisant à parcourir avec ses points d’intérêts et son aura singulière. Puis Dune ne serait pas Dune sans une bande originale digne des films de Denis Villeneuve. Les compositions musicales s’inspirent fortement de celles d’Hans Zimmer et nous accompagnent vaillamment tout au long de notre périple.
Arrakis ou la survie du plus apte
“Dieu a créé Arrakis pour éprouver les fidèles.” Cette citation tirée du premier roman Dune résume parfaitement vos premières heures à errer sur une planète par définition hostile. Funcom met tout en œuvre pour faire d’Awakening un MMO de survie avec tout ce que cela implique. L'hydratation est bien évidemment un élément clé, mais ce n’est pas le seul à prendre en compte pour survivre, puis conquérir les étendues désertiques d’Arrakis. D’ailleurs, ce monde ouvert est en réalité une succession de zones semi-ouvertes et de villes dont Arrakeen connectées entre elles via une carte nommée l’Overland.
Les premiers instants sur Arrakis peuvent rapidement devenir fastidieux, mais ils traduisent par le gameplay ce sentiment d’être perdu et démuni face à une situation qui nous dépasse. Cette expérience survivaliste nous impose son rythme… trouver de l’eau, récupérer des ressources, construire abris/outils, et explorer les environs dans l’espoir de mener à bien la mission confiée par le Bene Gesserit. Dune : Awakening se focalise sur la survie durant 10 heures avant d’ajouter de nouvelles strates et ainsi enrichir cette expérience vidéoludique via plusieurs étapes essentielles, à savoir Protéger (10h à 30h), Étendre (30h à 100h) et enfin Contrôler qui fait office de Endgame. Il faut donc compter entre 50 et 140 heures pour débuter la conquête d’Arrakis.
Mais revenons au béaba de la survie sur Dune. Celle-ci passe entre autres par la construction d’un abri qui deviendra par la suite une base, diverses machines pour produire outils/équipements/armes/etc et bien entendu des véhicules. Il est à noter que la majorité des zones n’autorisent pas le PvP (pour Players versus Players). Ceux désireux de s’affronter le font dans le désert profond (ou Deep Desert) où 900 survivants peuvent explorer, combattre et accumuler les richesses à leurs risques et périls. Le système de combat repose sur un savant mélange de mêlée, de gunfights, d’aptitudes et de gestion du bouclier énergétique qui retranscrivent assez fidèlement les spécificités de cet univers de SF.
Malheureusement, le ressenti notamment au corps à corps laisse encore à désirer et il en va de même pour l’intelligence artificielle qui anime les ennemis non joueurs qui peine à donner le change. Dune : Awakening se présente comme un MMO, mais c’est aussi un shooter qui va devoir peaufiner sa copie pour satisfaire pleinement les amateurs d’action. Le titre de Funcom ne démérite pas pour autant et offre son lot de moments mémorables, que ce soit par l’exploration d’une planète dont The Legend of Zelda : Breath of the Wild a inspiré le level design et bien entendu le seul plaisir de vivre une expérience égale à nulle autre sur Arrakis.
Un MMO ou les promesses de l’ombre
Dune : Awakening n’est pas un simple jeu de survie à expérimenter en solo. Au contraire, Funcom nous a concocté une aventure coopérative et compétitive à vivre aux côtés de milliers d’autres joueurs dispersés sur différents serveurs appelés ici Sietch. Ce MMORPG se dote sans surprise des mécaniques inhérentes au genre, à commencer par la création d'un avatar via un éditeur riche en options, le choix d’une classe parmi les quatre disponibles (Mentat, Trooper, Swordmaster, Bene Gesserit) et de nos origines (Caladan, Giedi Prime, etc.). La customisation du personnage passe également par l’obtention de nouvelles aptitudes, ou encore d’équipements qui définissent notre manière de jouer. Rien de nouveau sous le soleil, si ce n'est une aventure dont nous sommes les héros.
A l’heure de donner nos impressions, il est difficile de porter un jugement sur la dimension “massivement multijoueur” tant elle nous fut exposée sans que nous puissions la mettre à l'épreuve. Nous avons tout de même pu expérimenter la coopération lors de l’exploration d’une station souterraine à la végétation surprenante, ce qui est instantanément devenue notre meilleure séquence sur Arrakis (avec celle sous épice mentionnée plus tôt). Pour le reste - et notamment le PVP et l’évolution d'un monde annoncé persistant - nous ne pouvons que croire sur parole Funcom en attendant d’en faire l’expérience par nous même.
La géopolitique (un aspect essentiel de l'œuvre de Frank Herbert), les batailles à grande échelle, le commerce de l’épice ou encore le système de factions (Harkonnen et Atréides) s’avèrent séduisants sur le papier, mais plusieurs questions demeurent à l'état de concept pour nous. Comment tous ces éléments interagissent-ils entre eux et au final s’entremêlent pour déterminer le destin d’Arrakis et donc de cet univers de science-fiction ? Plus important encore… À quel point un individu seul influence-t-il par ses décisions et ses actions le monde qui l’entoure ? Il faudra encore bien des heures à fouler du pied la planète Dune pour en avoir le cœur net.
Dune : Awakening n’est pas un jeu grand public, et cela sied parfaitement à un univers de science-fiction hostile. Funcom fait ce qu’il sait faire de mieux en imaginant un MMO de survie sur Arrakis, quitte à perdre les néophytes de ces deux genres vidéoludiques par nature exigeants. Le simple plaisir de survivre et d’explorer cet astre mythique est à mettre au crédit des studios, et les promesses faites aux joueurs autant sur le lore que sur la dimension “massivement multijoueur” ont de quoi exciter même les plus sceptiques. Néanmoins, Dune : Awakening doit encore faire ses preuves et prouver le bien fondé d'une vision qui ne s'adresse pas à tout le monde.