Après une première prise en main mine de rien séduisante, nous avons pu rejouer à Exoborne, l’extraction-shooter développé par Sharkmob (Vampire : The Masquerade - Bloodhunt). L’occasion d’explorer plus longuement les environnements dévastés de Colton County, de ramasser toujours plus de loot et de s’amuser avec le gameplay vertical du titre. Qu’est-ce qu’on en pense à présent ?
Après Vampire : The Masquerade - Bloodhunt, le studio Sharkmob poursuit sa route dans le monde des jeux multi avec Exoborne. Cet extraction shooter ambitieux, édité par le géant chinois Tencent, lorgne clairement du côté du triple-A : techniquement, c’est assez solide, et ce sera une expérience “premium” (pas free-to-play, donc). À l’occasion d’une nouvelle prise en main, on ne nous a pas donné de prix ou de date de sortie (c’est prévu pour 2025). En revanche, on a pu jouer 4-5h et on a plein de choses à vous dire ! Si Exoborne vous intéresse, Sharkmob tiendra un playtest du 12 au 17 février prochain sur PC. Pour participer, vous pouvez déjà vous inscrire sur la page Steam du titre.
EXTRAction-shooter
Tout d’abord, c’est quoi Exoborne ? Comme expliqué plus haut, c’est un extraction shooter avec tout ce que ça implique de management d’inventaire, de loot et de perte d’équipement en cas d’échec (si vous avez un doute, on vous renvoie à notre précédente preview). Mais, il y a deux choses qui distinguent la production de Sharkmob de la concurrence : son système météo et son goût pour la verticalité. En gros, dans le monde d’Exoborne, le climat est un peu parti en sucette. Chaque partie sera synonyme de tornade, d’éclair, de pluie torrentielle, ce qui aura un impact plus ou moins direct sur les déplacements de votre personnage. Les bourrasques vous permettront par exemple de vous laisser porter par le vent, une fois le parachute ouvert, alors que les trombes d’eau vous ramèneront inexorablement au sol. Mais côté verticalité, c’est le grappin à la Just Cause qui brille outre mesure. Les trois classes du jeu y ont accès par défaut et on se surprend rapidement à enchaîner les sprints, les glissades, à s’accrocher au décor pour ensuite reprendre de plus belle avec le parachute. Il n’y a pas non plus de dégâts de chute, ce qui laisse la porte ouverte à n’importe quelle acrobatie. Les déplacements d’Exoborne, c’est clairement l’un des arguments qui nous a plu pendant cette preview. Nous avons aussi été tout à fait convaincus par les sensations de tir du titre.
Bien que menaçantes sur le papier, les intempéries dans Exoborne symbolisent avant tout des “opportunités” pour les joueurs. Par exemple, les tornades - dont le nombre peut vite grimper sur une carte - ne transformeront pas la zone en champ de ruines, mais permettent aux équipes de s’envoler pour aller où bon leur semble. Dans le même ordre d’idée, si une tornade croise la route d’un brasier, celle-ci se changera en tourbillon de feu dévastateur. Un cataclysme que les joueurs peuvent créer eux-mêmes, en faisant apparaître du feu au bon endroit, au bon moment.
Si vous vous demandez pourquoi Exoborne autorise ce genre de cascade, c’est parce que les héros du titre sont équipés d’un exosquelette, appelé ici “Exo-Rig”. Il en existe quatre types - que l’on peut comparer à des classes -, dont un exosquelette de base qui n’offre pas de style de jeu particulier. On trouve ainsi le Kodiak, une armure qui réduit les dégâts de son porteur lors d’un sprint et permet de lancer une attaque-sautée ; le Viper, très agile, qui dégaine une épée courte au corps-à-corps, et le Kestrel, capable de planer quelques secondes dans les airs façon Iron Man. Trois combinaisons qui peuvent s’avérer complémentaires sur le champ de bataille - Exoborne se joue en team de trois -, mais qui semblent surtout là pour offrir plusieurs styles de jeu aux joueurs. Car pour un extraction shooter, le projet de Sharkmob est plus grand public que la moyenne : alors oui, en cas d’échec, tous les objets de votre sac à dos passeront à la trappe, mais vous pouvez réanimer vos coéquipiers à volonté et ce n’est pas ici que vous vous ferez one-shot par un sniper planqué à 3 kilomètres… Il n’y a pas non plus de dégâts localisés qui vous obligent à vous rafistoler la guibole pour ne pas boiter. Exoborne propose d’ailleurs un système d’armure à recharge manuel ainsi qu’une santé qui remonte toute seule. C’est pas pour autant que toutes les menaces, PvP ou PvE, vous glisseront dessus comme l’eau sur les plumes d’un canard ! Mais on est loin d’Escape From Tarkov, c’est sûr.
"Ça se couvre"

Blindé comme Crysis
Pour en revenir à notre session, elle était découpée en deux parties : une première où moi et mon équipe sommes partis de zéro, avec un arsenal de base, devant looter soigneusement et revenir plus fort la fois suivante (un début de partie classique, quoi). Puis, une deuxième session où Sharkmob a ouvert les vannes… Là, on se serait cru dans Crysis : notre personnage avait tout le nec plus ultra, des armes à l’armure, en passant par l’exosquelette et les divers outils qu’on peut emporter sur le champ de bataille (grenades, frappes de missile et de napalm, même un dispositif pour déclencher une tempête). D’une moitié à l’autre de l’aperçu, le sentiment de puissance était clairement différent et Exoborne semble d’ores et déjà profiter d’une chouette marge de progression.
Un sentiment de puissance qui passe également par la personnalisation de l’arme et de l’Exo-Rig. Comme sur n’importe quel shooter multijoueur (la caméra TPS d’Exoborne bascule à la première personne quand on vise), on peut customiser son flingue comme on l’entend : ajouter un chargeur, un silencieux, choisir le viseur de ses rêves. C’est la même chose pour l’exosquelette, qui peut être amélioré grâce à quatre composants : le Coeur, l’Équipement, l’Armement et la Mobilité. De quoi obtenir des bonus passifs, comme des dégâts plus importants au corps-à-corps voire une recharge d’armure plus rapide. À noter que ces jolis gadgets peuvent aussi être craftés et qu’il existe plusieurs niveaux de rareté pour tous les objets qu’on a évoqué jusqu’à présent (les armes, leurs accessoires, les outils type grenades et frappes, les Exo-Rigs ainsi que leurs composants). Ces upgrades sont susceptibles de faire la différence face à d’autres joueurs - qui peuvent d’ailleurs voir votre position sur la map après 20min de jeu - et aux adversaires les plus robustes d’Exoborne… des gros robots.
Exoborne - Captures d'écran 4K (fournies par Sharkmob)





Du post-apo coloré
Franchement, cette nouvelle prise en main d’Exoborne nous a donné envie de fouiller Colton County (la région fictive où le jeu plante son décor, inspirée du sud-est des États-Unis). Et pas seulement pour looter, mais aussi pour profiter des panoramas imaginés par Sharkmob. Parce que oui, le projet du studio suédois affiche une direction artistique maîtrisée qui fait penser à une sorte de mélange entre Horizon Zero Dawn / Days Gone. En gros, c’est du post-apo avec des technologies avancées, ce qui peut donner des tableaux assez intéressants : on passe d’une base ennemie faite de bric et de broc, dont la tour de guet a été aménagée sur un vieux bateau cargo, a un complexe futuriste où vous attendent un tas de robots. Dit comme ça, on dirait qu’on passe du coq à l’âne, mais dans les faits, ça paraît tout à fait cohérent. On a également noté une technique solide : les environnements des trois cartes (dur à dire s’il y en aura plus au lancement) sont détaillés, et certains effets, comme les arbres fauchés par le vent, rendent vraiment bien. Enfin, mention spéciale pour la palette de couleur, qui passe allégrement du vert à l’orange - au moment de l’aurore - en passant par le violet inquiétant qui annonce l’arrivée d’une tornade… Rodrigo Cortes, directeur artistique d’Exoborne et co-fondateur de Sharkmob, nous explique avoir voulu créer du post-apo qui ne soit pas “déprimant”.
Rebirth avait promis de protéger l'humanité de l'apocalypse imminente, mais ce n'était qu'un tissu de mensonges. Ainsi trahis, nous nous sommes rangés derrière Tar, le chef de la rébellion des Reborns. Peu après, mère Nature a donné libre cours à sa fureur, et la société telle que nous la connaissions s'est effondrée. Désormais, Tar nous enjoint à dévoiler la vérité et à terminer le combat que nous avions commencé. Mais méfiez-vous... on ne peut pas faire confiance à tout le monde - Pitch d’Exoborne, sur Steam
Quand je vous dis qu'il y a un air de Crysis

Des points en suspens
Une fois qu’on a dit ça, Sharkmob a encore du boulot sur pas mal de points. Comme d’habitude sur ce genre de build, il reste des bugs - d’IA ou d’affichage - à régler. Surtout, il y a des choses à revoir sur les points d’intérêt des cartes. En l’état, à moins d’avoir un objectif (principal ou annexe) active qui fait apparaître des icônes précis sur la map, vous devrez courir après des coffres qui renferment de l’équipement plus ou moins rare, des bases plus ou moins dangereuses et quelques phénomènes temporaires. Sur ce point, ça manque de matière et au bout de quelques heures de jeu, on tournait un peu en rond. Les objectifs liés au scénario manquent aussi de mise en scène et d’enjeux, alors qu’Exoborne s’incrit dans une trame narrative que Sharkmob compte bien développer après la sortie. “Certaines missions me semblent (à ce jour, ndlr) un peu répétitives”, concède Rodrigo Cortes, “nous allons travailler dessus et les relier davantage à l’IP”. Le playtest de février sera l’occasion pour le studio de rassembler de nouveaux retours, en vue d'une sortie plus tard dans l’année. Aujourd’hui par exemple, les équipes sont lâchées aléatoirement sur la carte, même si c’est à des kilomètres de leur objectif principal. Une chose qui pourrait être amenée à changer à l’avenir. Le modèle économique post-launch d’Exoborne reste également à définir. Sharkmob ne semble pas contre inclure des micro-transactions, très certainement pour proposer des items 100% cosmétiques (la build que nous avons essayé avait déjà plein de skins). Pour rappel, le jeu sera payant à l’entrée. Ce serait donc, en somme, le même modèle économique qu’Helldivers 2, le carton multi de 2024.
Cette nouvelle prise en main d’Exoborne nous a donné confiance sur l’avenir du titre. Déjà en l’état, Sharkmob propose un extraction shooter grand public, fun, solide techniquement, et qui a un chouette goût de reviens-y. Nous avons seulement quelques réserves sur le système de missions et de points d’intérêt, responsables d’une certaine redondance pendant notre aperçu, et sur le modèle économique, du genre à rebuter d’entrée les joueurs. Le développeur suédois prévoit d’améliorer sa copie avant une sortie en 2025, notamment grâce au playtest du mois prochain, et on espère que les qualités d’Exoborne sembleront évidentes à celles et ceux qui y joueront en avance. Parce que c’est certain, des qualités, le nouveau jeu de Sharkmob en a.