Eternal Strands : Un Aventure Inspirée de Monster Hunter et Zelda, Mais Manquant de Profondeur

Titre original : Eternal Strands s'inspire de Monster Hunter et Zelda Breath of the Wild et c'est déjà pas mal...

C’est en avril 2024 qu’est présenté pour la première fois le jeu vidéo Eternal Strands. C’est la première production de Yellow Brick Games, un studio fondé par Mike Laidlaw (un ancien directeur créatif de la saga Dragon Age). Un tite qui interpelle pour son mélange apparent de Zelda pour sa physique, de Shadow of the Colossus pour ses créatures titanesques ou encore de Monster Hunter pour sa traque de monstres. Un titre qui attire donc l’œil pour ses inspirations, d’autant qu’il sort également sur PC, PS5 et Xbox Series. Mais fait-il au moins aussi bien que ses modèles ? Je l’ai terminé et vous livre mon ressenti.

Dans Eternal Strands, on incarne une jeune femme du nom de Brynn : c’est une Tisseuse, quelqu’un capable de contrôler la magie grâce à une cape spéciale. Elle vient d’une zone appelée l’Enclave connue pour ses habitants prédisposés à la magie. Un événement cataclysmique a coupé la zone du reste du monde et l’a rendu à peu de choses près inhabitable. En tant que Brynn, le joueur cherche donc à en apprendre plus sur ce qui a causé cette catastrophe tout en essayant d’en savoir plus sur ses origines.

Brynn n’est pas la seule à être attirée par la zone de l’Enclave. Si elle vagabonde de groupe en groupe pour s’en approcher, elle arrive finalement à se glisser parmi un casting de personnages hétéroclites. Ces individus ont chacun leur propre histoire (que l’on peut suivre à travers des objectifs secondaires) ainsi qu’une utilité dans le camp qui sert de base aux expéditions.

Eternal Strands s'inspire de Monster Hunter et Zelda Breath of the Wild et c'est déjà pas mal...Eternal Strands s'inspire de Monster Hunter et Zelda Breath of the Wild et c'est déjà pas mal...Eternal Strands s'inspire de Monster Hunter et Zelda Breath of the Wild et c'est déjà pas mal...

Eternal Strands : des expéditions qui tournent en rond

On l’a dit, l’Enclave est une zone dangereuse qu’il faut apprendre à connaître. Le cœur du gameplay consiste donc, en réalisant des quêtes, à explorer les différentes zones, récupérer des matériaux pour améliorer des équipements qui nous permettront de vaincre des monstres plus difficiles. Les différentes régions du jeu sont garnies de collectibles, que ce soit des éléments de codex pour comprendre l’histoire ou encore des plans d’armures spéciales pour Brynn. Mais bien sûr, chaque zone du jeu se distingue par les matériaux que l’on peut y trouver. Ils servent à la fabrications d’équipement et pas seulement puisqu’il est parfois nécessaire d’en récupérer pour avancer dans l’histoire.

Eternal Strands met donc l’emphase sur l’extraction de matériaux. Quelque chose que l’on ressent surtout au début de l’aventure : l’inventaire est limité, on ne dispose pas de points de voyages rapides et lors d’un game over, on doit choisir de conserver seulement une partie de ce que l’on a récupéré pendant notre expédition. On atteint une boucle de gameplay satisfaisante (récupérer des infos sur les monstres, récolter des matériaux, avancer dans notre exploration puis revenir au camp) arrive au bout d’une demie-douzaine d’heures de jeu. Une boucle dont on voit vite les limites, d’autant qu’elle devient assez rébarbative sur l’intégralité de la campagne (notre sauvegarde affiche 17h30 de jeu au moment d’afficher les crédits).

Eternal Strands : un gameplay intéressant mais limité

De fait, Eternal Strands fonctionne de la même manière que Monster Hunter. La majorité des matériaux étant à récupérer sur les monstres / créatures des différentes zones. La différence majeure se situant dans la variété des approches ainsi que la sensation manette en main. En tout et pour tout, Eternal Strands dispose d’une petite dizaine de monstres différents avec neuf monstres dits colossaux (arkons géants ou grosses bébêtes).

Outre le fait qu’il y ait peu de diversité (chaque ennemi donnant le même type de ressources à chaque fois), les affrontements n’apportent pas de jouissance particulière. Il y a peu de retour manette en main lorsque l’on inflige des dégâts. Et si l’on doit continuer cette comparaison avec Monster Hunter, il y a trop peu d’armes et de pouvoirs magiques différents pour tenter d’autres approches. À combiner avec ses pouvoirs magiques (sur lesquels on revient ci-dessous), Brynn peut utiliser trois armes différentes : une arme à deux mains, une épée avec son bouclier, ainsi qu’un arc. Chacun dispose de son propre enchaînement de coups et il est possible d’en changer librement pendant une expédition. C’est appréciable dans la mesure où il est plus facile d’affronter tel ou tel ennemi avec une arme en particulier sans que ce soit particulièrement révolutionnaire. Un constat que l’on peut aussi faire pour les armures, qui ne sont qu’un amalgame de statistiques à améliorer à travers la forge.

Tout cela contribue au fait que, après quelques heures de jeu, on se retrouve à courir à travers les zones parce que vaincre les monstres n’apportent rien : aucun système d’expérience, des ressources qui ne nous intéressent ni un sentiment de plaisir particulier.

Eternal Strands s'inspire de Monster Hunter et Zelda Breath of the Wild et c'est déjà pas mal...Eternal Strands s'inspire de Monster Hunter et Zelda Breath of the Wild et c'est déjà pas mal...Eternal Strands s'inspire de Monster Hunter et Zelda Breath of the Wild et c'est déjà pas mal...Eternal Strands s'inspire de Monster Hunter et Zelda Breath of the Wild et c'est déjà pas mal...Eternal Strands s'inspire de Monster Hunter et Zelda Breath of the Wild et c'est déjà pas mal...

David contre Goliath

Dans un second temps, on ne retrouve pas non plus la profondeur des deux derniers Zelda inédits sortis sur Nintendo Switch. Les développeurs ont mis l'accent sur un système basé sur la physique où le feu se propage, la glace gèle et la destruction en temps réel a un impact sur le monde du jeu, permettant des stratégies supposées créatives pour le combat et l’exploration. Une fois la manette posée après les crédits, j’ai tout de même le sentiment qu’elles sont trop peu exploitées ou pas assez mises en valeur. Peut-être le studio aurait-il dû, à travers des tutoriels ou des exemples vidéo, suggérait ce qu’il était possible de faire sans gâcher la surprise de la découverte.

C’est d’autant plus dommage que les boss constituent chacun une épreuve intéressante. Les vaincre une première fois permet de récupérer un nouveau pouvoir magique (il y en a trois par type : feu, glace, cinétique) tandis qu’il faut les affronter d’une manière particulière la seconde fois pour extraire un filament nécessaire à l’amélioration du pouvoir magique en question. Pour extraire ce filament, il est alors indispensable de grimper dessus à la manière de Shadow of Colossus. Chaque boss doit être vaincu d’une manière spécifique pour découvrir le noyau nécessaire à sa défaite et c’est-là dessus que l’on prend plaisir à réfléchir sur la manière de faire.

Il faut composer avec notre jauge de magie limité, notre barre de vie et surtout notre jauge d’endurance. Cela sert la proposition du jeu : il faut rester prudent et prendre son temps face à un ennemi plus imposant que nous. Malheureusement, une fois la stratégie trouvée une première fois, il faut la répéter une seconde fois pour améliorer chacun de nos pouvoirs magiques au maximum. Quelque chose de rébarbatif.

Eternal Strands : une forme impeccable

Au-delà du gameplay pur et dur, Eternal Strands a aussi d’autres arguments. Le premier jeu de Yellow Brick Games est impeccable techniquement, avec une direction artistique maîtrisée. Bien que la mise en scène laisse à désirer, les modèles 2D des personnages sont sublimes et on se laisse, de manière générale, facilement portée par l’exploration. Les biomes et la musique, respectivement attrayants et relaxante, encourage l’exploration. Mais on se heurte à la vacuité palpable de chaque zone malgré les nombreux secrets qu’il y a à découvrir. De quoi constituer un frein non-négligeable pour pousser la balade.

De manière générale, Eternal Strands s’inspire des meilleurs sans pour autant afficher la même profondeur. Le titre de Yellow Brick Games arrive à bien mettre en place sa physique, son système de collecte de matériaux et son exploration dans un écrin techniquement irréprochable. Cela ne suffit tout de même pas : à cause du manque de variété (du bestiaire, des pouvoirs, etc) et du manque de sensation dans les combats, on se retrouve vite à tourner en rond tout en enchaînant les expéditions. De quoi gâcher le plaisir d’un titre qui arrivent néanmoins à poser des bases intéressantes. De quoi surveiller, de près, le studio.