Heart Machine, c’est le studio derrière [Solar Ash] (2022) et [Hyper Light Drifter]. Ce dernier, sorti en 2016, séduit la presse et la critique. Malgré son scénario et son intrigue chuchotés, il surprend par sa direction artistique et son monde immense à explorer. Preuve de son succès, il est nommé aux Game Awards dans deux catégories : celle du meilleur jeu indépendant et celle du meilleur jeu d’action/aventure. Un titre qui marque donc les esprits et Heart Machine le sait. Après Solar Ash qui convainc sans séduire, le studio retourne à ce qu’il sait faire.
Il peut alors passer à plein temps sur Hyper Light Breaker : un jeu d’action/aventure, cette fois-ci à la troisième personne, où l’on explore différents mondes ouverts générés procéduralement. Le titre est disponible depuis le 14 janvier dernier en accès anticipé et ne soulève pas les foules. Il est vrai qu’il affiche quelques défauts mais c’est bien là l’intérêt d’une version prématurée : corriger les imperfections du jeu tout en tirant des points forts en présence. Parce qu’il y en a plusieurs.



Des mondes ouverts générés procéduralement et une difficulté élevée
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est important de tirer le portrait de ce Hyper Light Breaker. C’est un jeu d’aventure, d’action et d’exploration pouvant se jouer seul ou à plusieurs. Toutes proportions gardées, on retrouve certains éléments des mondes ouverts récents. C’est Zelda : Breath of the Wild qui, à titre personnel, m’a sauté aux yeux. Outre l’esthétique en cell-shading et la composition du monde que l’on explore, on retrouve le paravoile (appelé planeur dans HLB), une mini-carte similaire ou encore une jauge d’endurance de l’hoverboard (un skateboard qui flotte) identique à celle de Link des Zelda sur Nintendo Switch.

Le but du jeu pour les “héros” est de renverser le Roi des Abysses. Pour se faire, il faut d’abord éliminer ses lieutenants (appelés Couronnes). Et pour éliminer ces derniers, il faut récupérer une ressources à des endroits bien précis de la carte. Le monde est généré procéduralement mais reste le même durant tout un cycle : de quoi laisser le temps d’arpenter le territoire. Un cycle se termine lorsque que l’on meurt quatre fois ou que l’on élimine le roi des abysses. L’expérience engrangée pendant le cycle s’active, permettant de récupérer des ressources nécessaires à une exploration plus confortable… et surtout moins difficile. Puis, surtout, un nouveau monde est généré procéduralement.
C’est la mécanique principale de Hyper Light Breaker qui rend le jeu attrayant : chaque expédition dans le foisonnement, le monde du jeu, a des allures d’extraction. On récupère des ressources que l’on conserve pour améliorer notre quartier général, nos pouvoirs ou encore les échanger contre de l’équipement. Mais attention : à chaque mort, celui-ci est endommagé et est détruit sans possibilité de le réparer.



Une formule aventure et extraction bluffante
Si cette mécanique de durabilité des armes peut frustrer (comme elle l’a fait pour Breath of the Wild), elle ajoute un piment à chaque fois que l’on lance notre expédition. Elle permet surtout de retrouver l’un des points forts de Hyper Light Drifter : les combats qui sont à la fois dynamiques et tactiques, avec une difficulté élevée qui dégoûte déjà certains joueurs. Certains combats sont en effet ardus. Les Couronnes sont des boss qui font très mal et exigent que l’on connaisse leurs coups. Toutefois, cette difficulté s’inscrit dans la philosophie du jeu (qui est aussi co-op, on le rappelle) et surtout de celle du studio : il privilégie la découverte par les joueurs plutôt que de les prendre par la main. Pour appuyer cet exemple, on remarque qu’il n’y a pas de tutoriel (ou très peu) mais l’on apprend petit à petit à quoi correspond chaque mécanique.
L’un des gros défauts qui réside dans cet accès anticipé, ce qui est dommage étant la proposition roguelite du jeu, étant la méta-progression. Elle est très fastidieuse dans cette version (en 0.5) et peu engageante. Les ressources que l’on récolte à la fin de chaque cycle ne donne pas accès à des bonus satisfaisants donnant envie de replonger dans le foisonnement. On parle ici de secondes en plus sur l’hoverboard par exemple, ou de petits bonus pour les magasins. Cela alourdit le rythme et surtout ne rend pas plus engageant une expédition qui a pourtant des combats satisfaisants à offrir. D’autant que sur le papier, même pour un accès anticipé, il y a plusieurs styles de combat possibles. Que ce soit par les classes de héros ou les armes jouables.
Hyper Light Breaker est en accès anticipé. De fait, il y a quelques soucis à régler comme une méta-progression trop lente ou la maniabilité de la hoverboard comparable à la conduite d’un 3 tonnes. Toutefois, le principe de mondes ouverts générés procéduralement combinés à un système de cycles et d’extraction constitue un noyau solide propice à la créativité. Avec une version 0.5, il est encore trop tôt pour une majorité de joueurs de découvrir le titre avec satisfaction. HLB ne convainc pas dans la forme, ce qui est normal pour le moment, mais m’a charmé pour son fond. Un jeu dont il faudra observer le suivi avec intérêt.