Si lors d’un repas de famille, on vous demande quelle est la mascotte de Nintendo, vous répondrez “Mario” avec une certaine assurance. Bien que le géant japonais possède une tonne de licences ayant forgé son identité, telles que Zelda, Metroid ou encore Donkey Kong, c’est bien le plombier moustachu qui est devenu le jovial visage du groupe japonais. Faisant sombrer la première mascotte de la firme de Kyoto dans l’oubli. La connaissez-vous ?
Sommaire
- Charpentier, plombier, héros
- Son Gokû contre son Mario
- Rayé de la carte mère
Charpentier, plombier, héros
Il a enchaîné les métiers comme les noms. De charpentier à plombier, de Jumpman à Little Mario, de 1981 à aujourd’hui, Mario est devenu une icône non seulement du jeu vidéo, mais de la pop culture au sens large. On ne compte plus les produits dérivés rattachés à la franchise, ni le nombre de jeux le mettant en scène. Qu’il doive sauver une princesse en détresse, foncer vers la ligne d’arrivée en karting, empiler des gélules, monter au filet, jeter un dé, dribbler… le petit héros a autant de casquettes que Link a de flèches à son arc. Qui aurait pu croire que ce drôle de personnage escaladant des structures pour déjouer les plans de Donkey Kong au début des années 1980 deviendrait l’aventurier qui, en cumulant les ventes de tous les jeux dont il est le protagoniste principal, finirait sur le toit du monde jeu vidéo, dépassant même l'inoxydable Tetris ?



La sphère vidéoludique retient que la success story a débuté en 1985 avec Super Mario Bros. sur Famicom (NES), production qui a révolutionné le jeu de plates-formes 2D. À force de bondir partout, le moustachu a fait place nette. Super Mario Bros. 3 (1988), Super Mario World (1990), Super Mario 64 (1996), Super Mario Galaxy (2007) ou plus récemment Super Mario Odyssey (2017), plusieurs titres de la licence ont marqué l’histoire et figurent parmi les softs les mieux notés sur Metacritic. En s’efforçant de réimaginer régulièrement la formule, Nintendo n’a cessé de renforcer la popularité de son plombier.

Les chiffres montrent que la mascotte règne en maître sur les platformers 2D comme 3D, ne laissant que des miettes à ses anciens rivaux, Sonic en tête. Par la force des choses, Mario s’est imposé comme le symbole de la réussite de la firme de Kyoto, aplatissant ses concurrents avec une aisance déconcertante afin de mieux prendre de la hauteur. Dans son ascension fulgurante, il est même allé jusqu’à pousser la première véritable mascotte de Nintendo hors du ring. Pourtant, elle était façonnée pour répondre à tous les critères recherchés par le jeune public de l’époque !

Son Gokû contre son Mario
Avant que la tête de Mario ne soit imprimée sur à peu près toutes les publicités de Nintendo, l’entreprise japonaise avait une autre mascotte. Son nom ? Conkichi. Qui est-il ? Un garçon extraterrestre doté de super-pouvoirs et d'une queue qui rappelle celles que portent les Saiyans de Dragon Ball. À vrai dire, il n’y a pas que cet appendice qui fait penser aux personnages dessinés par Akira Toriyama. Casquette, cheveux colorés ébouriffés, grands yeux expressifs, petit corps potelé… Conkichi est une sorte de fusion entre Aralé Norimaki et Son Gokû enfant, de Dragon Ball. En d’autres termes, il est totalement dans les goûts des jeunes de l’époque. Ce drôle de protagoniste était le héros de petites bandes-dessinées fournies dans les boîtes de la Famicom et du Disk System (périphérique sorti en 1986, uniquement au Japon).

Racontée au long de 34 pages, l’histoire de la BD fournie dans le carton de la Famicom s’intéresse à Manabu et à sa copine de classe Kyoko, deux fans de jeux vidéo qui ne pensent qu’à une chose : que les cours se terminent pour retourner à la maison jouer à la Famicom. Sur le chemin du retour, ils rencontrent Conkichi, un petit garçon à l’apparence normale, mais à l’attitude étrange. Il s’incruste chez Manabu, et, alors que ce dernier essaye encore de comprendre pourquoi cet étranger le suit partout, le jovial squatteur enchaîne les hi-scores à Super Mario Bros… jusqu’à ce que la mignonne Kyoko les rejoigne. Perturbé, il perd la partie, puis s’évanouit après avoir bu du jus de fruit. Quand il se réveille, il expose quelques-uns de ses super pouvoirs, comme celui permettant de retirer de l’eau tombée sur la Famicom grâce à la force de la pensée. C’est à ce moment-là que la BD révèle ce qu’elle est vraiment, à savoir un tutoriel de bonne utilisation.
Images provenant de higsby.net



Ainsi, au fil des cases, nous apprenons que la machine de Nintendo est sensible à l’eau à cause de ses microprocesseurs. L’intérieur de la console est également exposé, montrant où s’insèrent les cartouches et comment tout fonctionne. Les branchements sont dessinés, et même s’il n’est pas précisé qu’il ne faut pas souffler sur les connecteurs en cas de poussière incrustée, il est conseillé d'utiliser un coton-tige pour retirer d’éventuelles saletés. La dernière page de l’histoire rappelle toutes les consignes de sécurité ainsi que les points importants pour bien faire fonctionner la console. Quant à Conkichi, il s’envole dans le ciel grâce à sa queue de super-héros. Fin ? Pas vraiment, le trio revient l’année suivante dans les cartons du Disk System. Le principe reste le même : l’aventure est en fait un mode d’emploi déguisé sous de jolis dessins et des saynètes amusantes. Inutile de vous préciser qu’aujourd’hui, ces comics sont des collectors.

Rayé de la carte mère
Kamé Hamé Ha… Mais argh ! Alors que tout indiquait que le Saiyan Conkichi reviendrait à chaque nouveau hardware de Nintendo en compagnie de ses amis afin de nous présenter de manière ludique les consignes d’utilisation, le héros est finalement resté loin de notre planète. Il ne pouvait y avoir qu’un seul représentant de Big N en salopette muni d’une casquette dans la communication de la firme de Kyoto, et ce rôle est pris par l'incontournable Mario depuis les ventes inarrêtables de son premier épisode !

Contrairement à d’autres personnages peu connus faisant partie de la grande histoire de Nintendo, tels que Octopus ou Sukapon, Conkichi n’est jamais réapparu dans un jeu développé par la firme de Kyoto, pas même en tant que sticker dans Smash Bros. Ultimate. La première mascotte de Nintendo, héroïne de jolies histoires distribuées dans les boîtes de ses consoles, a disparu du jour au lendemain au milieu des années 1980.