Ces 15 dernières années, Sony a particulièrement brillé en tant que créateur de jeux vidéo à travers ses titres solo. The Last of Us, Uncharted, God of War, Ghost of Tsushima ou encore Spider-Man sont autant de porte-étendards qui ont fait le succès récent de la marque. Le constructeur espère cependant trouver sa place sur les jeux-services.
Jeux live-service : Sony veut sa part du gâteau
Les jeux solos sont appréciés par un grand nombre de joueurs, et certains d'entre eux sont tout bonnement des succès colossaux. Cependant, les revenus de l'industrie sont tirés vers le haut par les jeux multijoueur, les microtransactions et les titres qui peuvent globalement être monétisés sur le long terme. Quelle que soit l'originalité des titres proposés, les références restent GTA V Online, Fortnite, EA Sports FC (ex-FIFA), League of Legends ou encore Call of Duty.
Dans ce contexte, difficile de reprocher à Sony de vouloir sa part du gâteau et d'orienter une partie de ses projets vers des productions en mesure de rapporter de l'argent sur plusieurs années tout en rassemblant une vaste communauté de joueurs investis. Force est de constater qu'au moment où sont écrites ces lignes, Sony n'a pas encore trouvé la bonne recette, à l'exception du carton qu'a été et qu'est toujours Helldivers II . Concord , bien que son développement complique l'analyse, s'est planté dans les grandes largeurs.
Cet échec intervient après une première réduction du nombre de projets "live-service", et on a très récemment appris que deux autres titres avaient été annulés : un jeu God of War par Bluepoint (Demon's Souls), et un autre projet signé Bend Studio (Days Gone). La situation suscite de nombreuses questions, et plusieurs personnes se sont empressées d'interroger Shuhei Yoshida, qui vient tout juste de quitter l'entreprise après 31 ans de bons et loyaux services.

Shuhei Yoshida n'aurait pas pleinement embrassé la stratégie des jeux-services
Président de Sony Interactive Entertainment de 2008 à 2019 avant de laisser sa place à Hermen Hulst et de se consacrer aux productions indépendantes, Shuhei Yoshida a marqué les esprits. C'est notamment lui qui apparaissait à l'écran lors de la fameuse vidéo montrant comment partager un jeu PS4. Certains pensent qu'il a été poussé vers la sortie, mais son discours indique qu'il a lui-même décidé de voguer vers de nouveaux horizons. Lors de son passage sur Kinda Funny Games, l'ancien président a déclaré qu'il aurait été tenté de freiner les envies de l'entreprise de se tourner vers les jeux-services s'il était resté en poste.
En ce qui me concerne, je gérais ce budget, et j'étais donc responsable de l'allocation de l'argent en fonction des types de jeux à réaliser. (...) Cependant, lorsque je suis parti et que Hermen a pris la relève, la société nous a donné beaucoup plus de ressources. Je ne pense pas qu'ils aient dit à Hermen d'arrêter de faire des jeux à un joueur. Ils ont dit : « Ces jeux sont géniaux, continuez à les faire, et nous vous donnerons des ressources supplémentaires pour travailler sur ces jeux en direct et les essayer. ». Je suis sûr qu'ils savaient que c'était risqué. (...).
Shuhei Yoshida poursuit en expliquant que Sony était conscient des chances limitées de succès, mais qu'elle a tout de même souhaité donner à son nouveau président gaming l'opportunité de tenter sa chance dans cette direction. Il précise même que, s'il était resté président de SIE, il aurait probablement tenté de résister à cette tendance.
Heureusement, Helldivers 2 a très bien marché. Personne ne s'y attendait. Il est donc impossible de planifier un succès dans ce secteur. C'est la partie la plus amusante de ce métier. J'espère que cette stratégie finira par fonctionner. Si j'avais été à la place d'Hermen, j'aurais probablement essayé de résister à cette direction. C'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles ils m'ont retiré du first-party.
S'il a vraisemblablement quitté l'entreprise de son propre chef, il rappelle ici que la direction des studios internes lui a été retirée. Il semble également penser que son opposition probable au focus sur les jeux-services fait partie des éléments ayant poussé le conseil d'administration à le remplacer. De son côté, Sony déclare être toujours en phase d'apprentissage. Par l'intermédiaire de Hiroki Totoki, la marque indique observer les résultats de ses essais pour mieux orienter ses productions.